Acculturer un million de Maralpins à l’IA,
le vaste chantier d’Isabelle Galy

Par La rédaction, 15 mai 2023 à 13:00, Sophia Antipolis

De Tech à tech

Isabelle Galy est la nouvelle figure de la Maison de l’intelligence artificielle depuis quelques mois. Elle a succédé à Paul Sgro avec la mission de sensibiliser les populations maralpines à l’intelligence artificielle en les acculturant peu à peu aux différents usages que cette nouvelle technologie permet. Des scolaires au grand public en passant par les professionnels, ce vaste chantier est un incontournable au vu du potentiel transformateur de l’IA sur nos sociétés.

Diplômée de la Faculté de Droit de Nice, Isabelle Galy a fait ses armes à Paris. En cabinet d’avocat fiscaliste d’abord, au Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) ensuite, pendant vingt ans, sous différentes casquettes. Férue d’innovation, elle est parmi les premières à s’intéresser aux enjeux juridiques que pose internet dans les années 1990 et s’investit de manière active sur le plan associatif. Elle co-fonde CyberLex en 1996 qui est la première association qui s’intéresse au droit d’internet, et en prenant une part active au sein du think tank d’économie numérique du Sénat, elle cherche à acculturer les politiques aux nouvelles technologies pour les aider à construire un cadre législatif qui soit le plus favorable possible au développement des entreprises innovantes quelle que soit leur taille. Elle fait partie des membres fondateurs du Hub France IA après la publication du premier rapport gouvernemental sur l’IA en 2017.


Au CNAM, elle a l’opportunité de concrétiser une relation forte école-entreprise et en collaboration avec une collègue, crée une chaire partenariale sur le futur du travail. Par ce biais, elle entre en plein dans la recherche-action et développe une recherche appliquée aux besoins des entreprises autour des nouvelles manières d’apprendre et des transformations managériales. IONIS la contacte pour développer une école sur l’IA. Elle en fait le lancement puis suit une opportunité qui la fait retourner dans son département d’origine.


Après le rapport Villani (2018), Isabelle participe à la réflexion amont sur la création du ClusterIA sur Sophia Antipolis. Ce cluster jouera un rôle non négligeable dans la labellisation 3IA du territoire en 2020 sous la présidence de Félix Kudelka et se positionne en bras industriel privilégié par la suite. En 2022, Isabelle Galy est élue vice-présidente du ClusterIA et quelques mois après, prend ses fonctions à la Maison de l’IA. Sa feuille de route aujourd’hui est d’acculturer un million de Maralpins à l’intelligence artificielle. Elle nous explique l’approche qu’elle a choisie pour passer à l’échelle.


« Pour le public scolaire, mon prédécesseur avait initié un certain nombre d’ateliers dans les collèges en partenariat avec l’académie et nous avons une exposition hors les murs qui tourne dans les établissements en partenariat avec le Science tour IA et l’association des Petits Débrouillards. On reçoit aussi à la MIA des collégiens et des enseignants.


Pour le grand public, la stratégie est de multiplier notre participation à de grands événements. La journée grand public au dernier WAICF a permis de rencontrer 500 personnes, on est présent au Play Azur et de manière générale, on s’associe à de nombreux Salons pour montrer concrètement aux gens ce qu’est l’IA. On ouvre la MIA au grand public sur certains samedis et on organise des ateliers thématiques pendant la semaine du cerveau, la semaine du numérique, la semaine de la science. Avec l’Institut EuropIA, dans le cadre de la politique Smart Deal du département, nous co-organisons les #IADATES conférences qui mettent régulièrement en lumière les enjeux de l’IA en faisant dialoguer des experts, ce qui parfois suscite une curiosité qui amène à approfondir le sujet, nous avons eu le cas récemment avec quarante entreprises membres de l’association Grasse Expertise qui après une #IADATE sur le lien IA, arômes et parfums, ont souhaité venir à la MIA pour mieux comprendre comment contextualiser l’IA aux spécificités de leur métier.


Acculturer les professionnels qui n’ont pas encore adopté cette technologie est un réel enjeu et nous cherchons à nous y atteler via plusieurs formats. Nous avons récemment lancé les IA lunch : ˮQuelle place acceptons-nous de laisser aux IA dans nos prises de décisions ?ˮ, ˮChatGPT, ami ou ennemi ?ˮ. Ce sont les premiers thèmes qui ont été abordés de manière informelle sous forme de ciné-débat ou d’atelier participatif. Au vu de l’intérêt rencontré, nous allons monter en puissance sur ce format. La Maison de l’intelligence artificielle se veut également la plus ouverte possible sur son écosystème. Nos startups s’appuient désormais sur la MIA pour valoriser leurs solutions en y faisant venir leurs clients. Le lieu aide en effet les jeunes pousses en termes d’image, et amène un public à la MIA qui ne franchirait pas forcément la porte sans ce lien initial avec la startup. Avec la chambre de commerce et d’industrie, on cherche à acculturer les secteurs économiques traditionnels qui ne sont pas dans la Tech. On vient de faire une première session créative sur l’sage de l’IA pour la prévention du vieillissement où des seniors ont pu échanger avec des acteurs de la silver economy. C’était intéressant d’avoir la parole directe des personnes âgées sur leur usage de l’IA qui est parfois décalé des solutions qu’on leur propose. »




Terre d’IA, les Alpes-Maritimes partent avec plusieurs avantages : une volonté politique forte de s’emparer du sujet, Charles-Anges Ginésy, président du Département des Alpes-Maritimes, est non seulement à l’origine de cette initiative mais s’assure que l’ensemble des populations soient bien incluses dans cette politique d’acculturation, un écosystème déjà lié entre chercheurs et entreprises via des collectifs fiables existants (Pôle SCS, ClusterIA), une labellisation 3IA qui marque l’excellence interdisciplinaire en la matière (seuls trois autres territoires en France sont labellisés), deux événements de haut niveau international (le Soph.IA Summit axé sur la recherche et le WAICF qui a la double fonction d’attirer de nouveaux entrants et de faire rayonner les entreprises existantes). La Maison de l’IA a pleinement son rôle à jouer dans les prochaines années dans l’accompagnement des gens à la transformation sociétale qui est en train de s’écrire.

Parution magazine N°41 (juin, juillet, août)

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