Alimentation en eau de Sophia Antipolis,
des sources très diverses

Par Emmanuel Maumon, 9 mai 2023 à 14:52, Sophia Antipolis

Polis

L’alimentation en eau de Sophia Antipolis dépend des différentes communes qui composent la technopole. Des communes qui suivent des politiques différentes en matière de gestion de l’eau. Elles sont néanmoins animées de la même volonté de veiller à approvisionner leurs habitants avec une eau de grande qualité et au meilleur prix. Avec le réchauffement climatique et l’alerte sécheresse aujourd’hui déclarée dans tout le département, elles sont aussi de plus en plus attentives à économiser une ressource qui se raréfie. Des économies qui passent également par une réutilisation des eaux usées traitées.


Si la Communauté d’agglomération de Sophia Antipolis a pour ambition de préserver efficacement l’eau en menant une politique active en matière d’assainissement et de raccordements, l’alimentation en eau et le traitement des eaux usées restent des compétences dévolues aux villes qui la composent. Sur Sophia Antipolis, les communes ont choisi des options différentes pour assurer l’alimentation en eau de leurs habitants.


DSP pour Antibes et Biot, SPL pour Valbonne


Pour la gestion de l’eau, les villes d’Antibes et de Biot ont opté pour une délégation de service public (DSP). Une DSP qu’elles viennent d’ailleurs de renouveler pour quinze ans en signant un nouvel accord avec Veolia. Avec ce contrat renégocié, les deux villes se targuent d’avoir toujours le prix de l’eau le moins cher de France, fixé désormais à 1 euro pour les 40 premiers m3 et à 1,50 euro jusqu’à 120 m3. Une partie des eaux d’Antibes et de Biot provient des anciennes sources romaines de la Brague. Des sources toujours vaillantes mais dont les capacités ne peuvent être augmentées. En effet, les captages de la Louve et de la Sambuque se trouvent à cinquante mètres de profondeur et la nappe phréatique est trop proche de la mer. Dès lors, une infiltration d’eau salée pourrait se produire si des travaux étaient effectués. Aujourd’hui, près de 65 % de l’eau alimentant ces communes est achetée au Syndicat de la rive droite du Var, qui la capte dans le Var et dans le Loubet.


De son côté, la ville de Valbonne a recours à la société publique locale (SPL) Hydropolis pour alimenter en eau ses habitants. Une eau d’origines très diverses puisqu’elle provient de nombreux captages réalisés notamment sur le canal de la Siagne, aux sources du Foulon et de Gréolières. Il existe même d’une prise d’eau au barrage de Saint-Cassien sur la commune de Tanneron.


Mougins et Vallauris sont desservies par le SICASIL


Situation encore différente pour les villes de Mougins et Vallauris qui sont adhérentes du SICASIL. Un syndicat intercommunal qui est l’autorité organisatrice du service de l’eau potable pour neuf communes de l’Ouest des Alpes-Maritimes. Un service toutefois délégué par des contrats de DSP passés avec deux opérateurs privés, Suez pour huit communes et Veolia pour Mandelieu-La Napoule. Outre des droits d’eau sur le barrage de Saint-Cassien, le SICASIL exploite huit captages répartis dans les versants de la Siagne et du Loup. Des captages qui totalisent une capacité de production de 242,000 m3/j. Le service de l’eau potable dispose également de sept usines de production, dont l’usine de Nartassier qui alimente Mougins et Vallauris. Implantée sur la commune de Mougins, cette usine comporte deux filières de traitement dont le process et la capacité de traitement sont adaptés à la nature des eaux acheminées respectivement par les canaux de la Siagne et du Loup.


L’eau, une ressource rare à économiser


Si les communes qui composent Sophia Antipolis ont donc pris des chemins différents pour la gestion de l’eau, elles se rejoignent néanmoins sur un point : la nécessité d’économiser cette ressource. Une ressource devenue de plus en plus rare et précieuse avec le réchauffement climatique. Si ces villes ont engagé depuis plusieurs années des actions pour limiter les consommations d’eau, la plupart ont décidé de passer à la vitesse supérieure suite à l’alerte sécheresse déclenchée dans tout le département.


La nouvelle DSP sur la gestion de l'eau à Antibes et à Biot prévoit le renouvellement par Veolia de plus de 100 km de canalisations pour limiter les fuites et 4 000 branchements. L’objectif est de réduire les pertes sur le réseau pour atteindre un rendement de 91 % contre 82 % aujourd’hui. Du côté du SICASIL, un programme d’action prévoit de poursuivre les opérations de renouvellement du réseau d’eau potable afin de limiter les fuites, et un investissement de 14,5 millions d’euros est programmé pour 2023.


Vers la réutilisation des eaux usées traitées


Pour économiser la ressource en eau, l’autre grand sujet d’actualité concerne la réutilisation des eaux usées traitées (REUT). A cette fin, Veolia vient d’installer à Antibes au sein de l’usine d’épuration de La Salis, une unité de traitement des eaux composée d’un filtre à billes de verre, d’une désinfection UV et d’une chloration. Grâce à un procédé chimique, cette Reut Box va permettre de réutiliser une partie des eaux usées qui était jusqu’ici rejetée au large d’Antibes par un émissaire en mer. Ces eaux usées traitées seront utilisées pour arroser les jardins publics et laver les rues de la cité. La ville table ainsi sur 70 millions de litres d’eau économisés chaque année. Le SICASIL s’est également engagé dans cette voie et est aujourd’hui prêt à mettre en œuvre la réutilisation des eaux usées traitées par la station d’épuration Aquaviva. L’objectif global du SICASIL est de pouvoir réutiliser au moins 15 millions de m3/an. Outre leur utilisation pour le nettoyage des voiries, ces eaux usées traitées serviront également à irriguer les golfs.


Les deux dispositifs sont d’ores et déjà opérationnels. Mais, tout comme à Antibes, pour passer du stade de l’expérimentation à une utilisation quotidienne, les dernières autorisations réglementaires se font encore attendre. Cependant, cette pratique ayant été érigée comme l’une des priorités du Plan eau présenté dernièrement par le président Macron, le décret autorisant cette pratique ne devrait pas tarder à être publié. De quoi pouvoir pleinement réutiliser les eaux traitées d’ici l’été.


Zoom sur Hydropolis


La SPL Hydropolis a été créée en 2018 par les communes de Valbonne Sophia Antipolis et du Bar-sur-Loup qui se sont associées pour mieux absorber les frais fixes et acquérir un savoir-faire commun. Les communes sont les uniques actionnaires de la SPL et décident des choix stratégiques de la structure. La SPL exploite les réseaux de distribution d’eau potable et de collecte des eaux usées. Pour Valbonne Sophia Antipolis, l’eau est achetée à deux syndicats intercommunaux : le Syndicat intercommunal des Eaux du Foulon (SIEF, le Foulon est un affluent du Loup), et le Syndicat mixte des communes alimentées par les canaux de la Siagne et du Loup (SICASIL). L’eau est ensuite stockée dans trois réservoirs (Tameyé, Peyrebelle, La Roberte), puis distribuée jusqu’aux robinets des usagers finaux sophipolitains via 104 km de réseau. Les sources du Foulon sont situées au pied du massif de Cheiron, à Gréolières, dans le parc naturel des Préalpes d'Azur, et le canal du Foulon date de 1889 et compte de nombreux ouvrages d’art. Les sources de la Siagne sont situées sur la commune d'Escragnolles, près de Saint-Vallier, au pied des massifs de l'Audibergue et du Thiey, et ont la particularité d’être encore en grande partie à ciel ouvert.

Parution magazine N°41 (juin, juillet, août)

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