Biot, Cité templière

Par La rédaction, 8 mars 2023 à 20:16, Biot

Polis

Moines-soldats pleinement investis dans les économies locales, les Templiers sont entourés d’une dose de mystère depuis le Moyen Âge. La ville de Biot a accueilli pendant deux siècles cet ordre militaire et religieux particulier qui a durablement imprégné son territoire. Après neuf ans d’absence, Biot ressuscite un événement phare dans toute la cité et propose un voyage dans le temps les 31 mars, 1er et 2 avril.

Les Templiers ont gardé leur côté mystérieux depuis le Moyen ge. C’est certainement leur composante guerrière et leur mission de protection des pèlerins qui est l’image la plus ancrée aujourd’hui. À une époque où l’on se faisait détrousser à chaque croisement de routes, mieux valait être bien protégé jusqu’à Jérusalem. Cet ordre militaire et religieux, créé au début du XIIe siècle dans le contexte des croisades, approuvé par le pape en 1 139, a existé pendant deux siècles avant d’être mis au ban d’une manière franchement brutale.


Avant la disgrâce, les Templiers étaient complètement indépendants du clergé séculier avec le plein accord papal. Concrètement, ils avaient leur propre règle, leur propre organisation en commanderies à travers toute l’Europe, le droit de percevoir des dîmes et d’enterrer leurs morts dans leurs propres cimetières, et ils avaient su négocier en haut lieu l’exemption de certaines taxes. L’entrée dans l’ordre était gratuite et volontaire, et c’était un engagement à vie.


Ces moines-soldats ont laissé des traces jusque dans nos systèmes bancaires. Propriétaires de régions entières, les Templiers sont pionniers en bonne gestion patrimoniale et les commanderies servent de dépôt d’or sûr aux notables locaux. Bien avant « Western Union », ils se sont engouffrés dans l’offre de service de transferts d’argent inter-régionaux. Les dépenses liées au voyage en Terre sainte étant souvent à régler comptant pendant tous les mois que duraient le périple, la mise en place d’un système de lettres de change par l’ordre des Templiers va permettre au pèlerin de récupérer de l’argent dès son arrivée à Jérusalem, donc de sécuriser son séjour.


Reconnaissables entre mille par leur tabard blanc fendu orné de la croix pattée rouge, les symboles de l’ordre ont traversé les siècles et ont alimenté bien des imaginaires.


Biot, Cité templière


C’est non sans émotion que le maire de Biot, Jean-Pierre Dermit, et la conseillère municipale, Christine Tabusso-Pélissier, ont ouvert la conférence de presse dans la salle Raymond-Peynet le 2 février dernier pour annoncer la reprise après neuf ans d’absence d’un événement haut en couleur ancré dans l’ADN biotois. Pour ceux qui n’ont pas connu les éditions passées qui se sont déroulées entre 2009 et 2014, il est bon de rappeler que l’origine de « Biot et les Templiers » se puise dans l’histoire et pas dans une stratégie marketing.


C’est en 1 209 en effet que le comte de Provence va donner les droits sur ses terres de Biot à l'ordre des Templiers qui va y installer l'un des établissements les plus importants de la région de Provence. Le territoire du Temple de Biot s’étend alors jusqu’à Villeneuve-Loubet et les moines-soldats interviennent localement dans tout un tas de secteurs. Pour l’événement, l’archive originale de cet acte de donation va être rapatriée des Bouches-du-Rhône et exposée au musée d’Histoire locale de Biot. Un retour aux sources bienvenu donc, qui permet aux Biotois de se réapproprier un pan concret de leur histoire.


Pour cette 7e édition qui se déroulera du 31 mars au 2 avril, la Ville voit grand. Blancs Manteaux, Ordines Terra Sanctum, Militis Templi, Lobos Negros, Terra Rubea… 25 compagnies médiévales triées sur le volet, composées de férus du Temple de dix nationalités différentes. 500 figurants en costume, 150 heures de spectacle variant combats à cheval, mêlées, attaque de Biot par des chevaliers séculiers, combats d’escrimeurs et d’archers, fauconnerie, 2 000 flambeaux pour une descente d’exception, 2 km de guirlande végétale, des conteurs au coin des rues, un son et lumière qui va embraser Biot, des machines de guerre en grandeur nature, des initiations à l’arc et à l’artisanat médiéval. Aux manettes derrière, aux côtés de la municipalité, toute l’expertise du sénéchal Marc Dagan a été mobilisée.


Du côté logistique, tout est gratuit et surtout tout est conçu pour être facile d’accès. Le stationnement a été multiplié par trois avec huit parkings, et 3 000 places de stationnement gratuit ont été prévues dans des espaces excentrées où dix navettes, gratuites elles aussi, assureront les liaisons. Le parking du campus de SophiaTech a été mis à disposition pour l’événement et Marineland contribue également sa part. Les forces de sécurité seront également mises à contribution, la police municipale bien sûr, mais aussi les pompiers, les gendarmes de Valbonne et de Cannes, sans oublier la Croix rouge et le service des routes du département car certaines sections routières vont être impactées le temps de l’événement.


Les passionnés d’histoire ne vont pas être en reste. Des conférences de haut niveau ont été programmées, et plusieurs pontes du Moyen ge et des Templiers sont annoncés, dont Simonetta Cerrini, Arnaud Bodin, Philippe Josserand et Karim Haoui. En annonçant la volonté de la Ville de reconstruire la porte de Saint Antoine, la troisième porte médiévale de la cité, qui retrouvera ainsi sa place d’entrée de village aux côtés des deux autres portes d’accès qui avaient réussi à ne pas s’écrouler (la porte des Tines et la porte des Migraniers), le maire de Biot s’inscrit en plein dans la valorisation du patrimoine biotois. Tel un Templier des temps modernes qui montre que même au temps de l’IA, capitaliser sur un passé humain a encore toute sa place.

Parution magazine N°40 (mars, avril, mai)

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