Le proton
Cette particule élémentaire qui gagne à être connue

Par La rédaction, 2 juin 2024 à 19:22

Polis

Si les techniques de radiothérapie classique utilisent des photons, la protonthérapie se distingue en ayant recours à une autre particule élémentaire présente dans le noyau des atomes. Utiliser des faisceaux de protons permet d’être très précis dans l’irradiation et est particulièrement adapté aux enfants puisqu’elle permet de traiter la tumeur en épargnant au maximum le tissu sain qui l’entoure. Zoom sur le Centre Antoine Lacassagne et l’Institut méditerranéen de ProtonThérapie, en pointe sur ce traitement.1

Pionnier avant l’heure… Dès 1991, le Centre Lacassagne se dote du premier appareil de protonthérapie basse-énergie en France. C’est le Medycic® et il se destine aux traitements des tumeurs oculaires. L’accélérateur a été spécialement calibré pour les traitements des mélanomes de l’œil. C’est une configuration unique au monde et une seule cure de quatre séances de protons est suffisante avec une guérison dans plus de 70 % des cas. En 2016, le centre élargit son offre de protonthérapie et s’équipe avec un autre équipement de pointe, le Proteus®, premier équipement de protonthérapie haute énergie nouvelle génération à être installé dans le monde qui permet de traiter toutes les autres tumeurs. L’Institut méditerranéen de ProtonThérapie (IMPT), adossé au Centre Lacassagne, est l’un des trois établissements en France à proposer cette technique.


Par rapport à la photonthérapie, la protonthérapie a l’avantage de moins irradier les tissus sains et donc de pouvoir augmenter la dose à la tumeur si nécessaire. Afin de diminuer les toxicités tardives, la protonthérapie est particulièrement adaptée aux patients qui ont une longue espérance de vie. Le défi pour eux est de vivre longtemps avec le moins de séquelles cognitives, endocriniennes, vasculaires, néoplasiques, esthétiques ou de fertilité.


Sur le millier d’enfants qui reçoivent une radiothérapie en France chaque année, on estime qu’une protonthérapie pourrait être discutée pour environ 300 d’entre eux. Le Centre Lacassagne via l’IMPT suit une quarantaine d’enfants dans l’année. La plupart des enfants de moins de 6 ans sont traités sous anesthésie générale car ils doivent rester parfaitement immobiles pendant toute la durée du traitement qui dure environ une trentaine de minutes. Les équipes du centre collaborent avec des équipes de pédiatrie du CHU de Nice pour assurer un suivi pendant l’irradiation dans un objectif constant du confort de vie du jeune patient. En termes de protocole médical, la dose totale d’irradiation est divisée en de multiples petites doses qui sont délivrées tous les jours à raison d’une dose par jour, et la durée totale de l’irradiation est de plusieurs semaines (jusqu’à un mois et demi). Les familles qui ne sont pas originaires des Alpes-Maritimes sont logées dans des maisons d’accueil, notamment à la Consolata, la maison d’accueil hospitalière du Centre Antoine Lacassagne, à proximité du lieu de traitement.


Deux axes de recherche innovants


Projet REVER

Évaluation de l’efficacité des casques de réalité virtuelle sur la diminution du stress chez l’enfant

Co-porté par Dr Pierre-Yves Bondiau, Anne Maneval et David Barbeyre


L’irradiation nécessite un positionnement précis sous la machine de traitement. Ce processus itératif nécessite des contrôles et ces traitements sont générateurs de stress chez le jeune patient car il leur faut garder une position fixe et peu confortable. C’est pourquoi, depuis 2018, le centre mène des évaluations et études sur le port du casque de réalité virtuelle comme facteur de diminution du stress lors des traitements par irradiation. Ce projet intitulé REVER vise à évaluer cliniquement l’efficacité des casques de réalité virtuelle sur la diminution du stress chez l’enfant. Les premiers résultats, intéressants et prometteurs, ont été présentés en 2020 au Groupe français des Radiothérapeutes pédiatrique qui s’est montré intéressé. Un projet national vise à doter de casques de réalité virtuelle l’ensemble des établissements pédiatriques nationaux.


Projet ESSPOIR

Évaluation des bénéfices d’une dosimétrie réalisée sur la base de l’IRM et l’intelligence artificielle Porté par Daniel Maneval

Aujourd’hui, la dosimétrie du traitement par protonthérapie, c’est-à-dire le calcul de la dose de rayonnements ionisants, est réalisée sur la base d’images issues de scanner. Grâce à un dispositif innovant s’appuyant sur l’IRM et l’IA, le centre envisage de ne plus utiliser de scanner pour ses plus jeunes patients, ce qui permettrait une précision de traitement inégalée. La radiothérapie guidée par IRM réduirait la toxicité des rayons X sur l’organisme et fournirait, en plus des renseignements anatomiques, des informations fonctionnelles sur le comportement de la tumeur. Fruit d’une collaboration avec la startup TheraPanacea, cette technologie a pour ambition de renforcer le contrôle local de la dose délivrée tout en diminuant les effets secondaires. Ce programme de recherche global fait collaborer médecins, physiciens médicaux et le monde de l’entreprise.



Réseau UNICANCER


Le Centre Antoine Lacassagne est l’un des 18 centres de lutte contre le cancer français regroupés au sein d’UNICANCER.


Fondé en 1961, le Centre Antoine Lacassagne assure des missions de soins (prévention, dépistage, traitement et réinsertion), de recherche (clinique, de transfert et fondamentale) et d’enseignement (universitaire et post-universitaire). Le Centre Antoine Lacassagne prend en charge tous les types de cancer et accueille environ 6 100 patients par an.


Établissement de santé de droit privé à but non lucratif et reconnu d’utilité publique (statut ESPIC – Établissement de Santé privé d’Intérêt collectif), le Centre est dirigé par le professeur Emmanuel Barranger depuis 2019. Son conseil d’administration est présidé par le préfet des Alpes-Maritimes.





1 Cet article est issu d’une source documentaire du Centre en libre accès – « Dossier sur les cancers pédiatriques », C’est à lire #92 - et se base principalement sur l’article du Professeur Jérôme Doyen.

Parution magazine N°45 (juin, juillet, août)

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