Les règles méconnues
de la pédagogie active Montessori

Les observateurs qui auront suivi un cursus « classique » sont généralement frappés par l’image de liberté que renvoie une classe Montessori. D’abord, les enfants déambulent et ne sont pas scotchés sur leur chaise. Ensuite, la classe fait 100 m2 et mélange souvent trois classes d’âge. La pléthore de matériel est impressionnante et les espaces sont organisés de manière minutieuse en aires séparées d’activité. À noter qu’il n’y a pas de pause récréative pour séparer les demi-journées et qu’il semble que cela ne perturbe personne.

La pédagogie Montessori est ancienne. Développée il y a plus d’un siècle par Maria Montessori, pour apprendre les bases d’écriture et de lecture à des enfants en situation de handicap, l’approche se revendique résolument empirique et est basée sur l’observation des pratiques de l’enfant et sur la pédagogie des sens. Le postulat est simple, chaque personne a un sens de prédilection. Certains sont visuels, d’autres sont plus à l’aise dans l’écoute, d’autres doivent passer par le toucher pour comprendre. Le matériel Montessori permet d’aborder les apprentissages d’une manière pluri-sensorielle, ce qui fait que quel que soit le sens préféré de la personne, la personne peut intégrer l’apprentissage. Les résultats ont été tels que la méthode s’est rapidement étendue à tous les profils d’élèves et à toutes les classes sociales avant de s’exporter à l’international.

Alors quelles sont les règles dans les écoles Montessori ? Aux Colibris, une des rares écoles Montessori françaises accréditées par l’AMF (Association Montessori de France), l’enfant ne fait pas ce qu’il veut quand il veut. Et en tout premier lieu, il ne peut pas choisir seul son matériel et est constamment guidé dans ses apprentissages. S’il montre de l’intérêt pour une activité, l’enseignant va lui présenter le matériel qui va lui permettre de monter en compétence pour réaliser cette activité en commençant par l’étape la plus facile. S’il choisit de faire des activités de maths et d’y consacrer 100 % de son temps pendant une semaine, pas de problème, la pédagogie Montessori n’alloue pas de quota d’heures aux apprentissages des matières. En revanche il y a une porte d’entrée obligatoire à l’activité avec du matériel bien pensé et l’enfant est guidé ensuite, étape par étape, pour monter en compétence.

Une deuxième règle très importante est que l’enfant ne peut pas choisir une autre activité tant que le matériel de l’activité précédente n’est pas correctement rangé. Ce concept d’ordre est très important dans la pédagogie car le postulat est que l’ordre extérieur entraîne l’ordre intérieur. On doit apprendre à terminer ce qu’on commence et l’auto-correction est un élément clé. A chaque début d’année, enfants et enseignants se réunissent et édictent les règles de la vie de classe. Les règles seront toujours formulées de manière positive. Par exemple, la règle sur le degré de tolérance du niveau sonore sera énoncée ainsi : « On doit parler en silence » et pas « On ne doit pas parler fort ».

Avec 30 nationalités différentes et 15 langues maternelles parlées, les Colibris dispensent un enseignement bilingue tous les jours à des enfants de 3 à 15 ans en les reconnaissant pleinement comme acteurs. L’intelligence émotionnelle est au cœur de l’approche. Aux Colibris, quand un enfant demande si son dessin est beau, l’équipe éducative ne se prononce jamais pour ne pas biaiser le jugement personnel de l’enfant. En réponse, on va lui demander ce qu’il en pense, et ce que l’on va surtout chercher à renforcer est sa propre opinion.