L’ESDHEM,
une formation postbac qui gagne à être connue

Par La rédaction, 8 mars 2023 à 22:49

La Relève

Double cursus combinant une licence d’éco-gestion avec une préparation aux concours des grandes écoles, le programme de formation postbac de l’ESDHEM commence à faire ses preuves sur Sophia six ans après son lancement. Olivier Lasmoles, professeur de droit à SKEMA et directeur de l’ESDHEM nous en décrit les spécificités avec cette approche innovante qui le caractérise.



Bonjour Monsieur Lasmoles, vous êtes professeur de droit à SKEMA Business School, directeur de l’ESDHEM, programme de formation postbac , vous avez récemment eu l’idée de publier un ouvrage, « Le droit pénal fait son cinéma » , qui croise scènes de film grand public et infractions pénales en droit français. Puis-je vous demander d’où vous est venue cette idée et comment ce livre a-t-il été reçu par le public ?


L’idée m’est venue il y a 15 ans et relève à la base d’une initiative pédagogique. En école de commerce en effet, et plus largement dans les formations supérieures générales postbac, la plupart des étudiants qui étudient le droit n’ont pas vocation à devenir juristes et beaucoup ont du mal à comprendre le raisonnement juridique en droit des affaires. Quand déceler les abus de faiblesse ? Le délit d’initié ? L’abus de bien social ? Pour expliquer ces concepts à mes étudiants, j’ai eu l’idée de me baser sur des extraits de film. L’instruction des affaires telle que menée au cinéma correspond-elle à ce qui est appliqué en droit pénal français ? Comment l’intrigue du film aurait été jugée « pour de vrai »?


J’ai commencé par leur faire visionner des extraits de « M le Maudit » pour illustrer la situation d’irresponsabilité pénale. De fil en aiguille, j’ai passé à mes étudiants d’autres extraits de films : « Psychose », « Star Wars », et sur ces bases, j’ai commencé à écrire un ouvrage. Dans un premier temps, je n’ai pas cherché d’éditeur. Ce n’est qu’après avoir terminé le manuscrit que j’ai contacté LexisNexis qui est le deuxième éditeur juridique en France. Une semaine après, ils m’ont appelé, ils étaient emballés par l’idée.


La publication de ce livre m’a permis d’étendre la méthode développée avec les étudiants SKEMA à d’autres étudiants et à un public plus large. L’objectif était vraiment de vulgariser au maximum pour que des non-juristes puissent s’approprier les logiques du droit pénal français. Le livre est à double entrée : une entrée par les infractions et une entrée par les films. Beaucoup choisissent cette deuxième porte. « Mais où est-ce qu’il a bien pu mettre Harry Potter dans un livre de droit pénal ? » Se poser la question suscite la curiosité et donc on fait l’effort d’aller voir.


L’ouvrage a également une portée pédagogique. Après sa parution, j’ai été contacté par plusieurs avocats chargés de cours à l’université qui m’ont dit qu’ils s’inspiraient de mon approche pour leurs cours. Dans l’ouvrage, je propose une analyse de la situation du film, mais il faut bien garder en tête que ce n’est qu’une analyse parmi d’autres et que tout l’intérêt du livre est d’ouvrir les débats et de confronter les différentes interprétations possibles.


En plus du droit des affaires, vous êtes également spécialisé dans le droit maritime et dans le droit de la blockchain. Vous avez d’ailleurs plusieurs publications à votre actif sur ces sujets. Comment faites-vous la liaison entre les intérêts de recherche qui vous animent et vos fonctions pédagogiques au sein de SKEMA et de l’ESDHEM ?


Honnêtement, il faut avoir un certain trouble de l’identité pour pouvoir assurer en même temps la gestion d’un programme sur plusieurs campus en France et à l’étranger, des tâches d’enseignement et continuer à faire de la recherche. Il y a un triptyque ici sur lequel il faut apprendre à s’organiser.


J’ai la chance d’être aidé par une très belle équipe sur les trois campus français, à Sophia, à Paris et à Lille. Je me dégage généralement mes weekends pour la recherche. Les cours que je dispense à SKEMA me permettent d’alimenter ma recherche, et réciproquement, ma recherche alimente mes cours.


La formation ESDHEM existe depuis 25 ans au sein de SKEMA et est proposée depuis 2016 sur Sophia Antipolis. Pourriez-vous nous en décrire les spécificités principales et quels sont les profils d’étudiants qui rejoignent cette formation ?


C’est un programme postbac en trois ans, accessible via Parcours Sup. L’offre de formation sur Sophia est en même temps un cursus diplômant de licence en économie-gestion et une préparation à certaines spécificités des concours des grandes écoles. Les cours de licence ont été développées en partenariat avec l’Université Côte d’Azur et représentent 50 % du temps de formation. Les autres 50 % préparent les étudiants de l’ESDHEM aux spécificités des concours grandes écoles et notamment aux épreuves du TAGE 2 et TAGE MAGE et du TOEIC. Les diplômés de l'ESDHEM valident donc une licence en éco-gestion et pour ceux qui passent les concours, s'assurent un positionnement quasi-certain dans les meilleures écoles de commerce françaises.


La formation est ouverte à tous types d’étudiants et il y a une réelle volonté d’éclectisme dans les promotions. En termes d’âge, on ne recrute pas au-delà de 24 ans en raison de la limite d’âge au concours des grandes écoles. Deux étapes pour être admis : une première sélection sur base de l’étude des dossiers (Parcours Sup), ensuite les étudiants sélectionnés passent un oral de motivation. Le niveau des étudiants de l’ESDHEM a notablement augmenté depuis la mise en place des oraux de recrutement. Les prochains auront lieu entre le 2 et le 17 mai.


Au niveau des spécificités de la formation, plusieurs systèmes de ponts existent. Un étudiant de l’ESDHEM peut s’il le souhaite passer les concours des grandes écoles dès sa L2 à l’ESDHEM via la passerelle des concours d’admission sur titre (AST1). S’il réussit son concours, il intègre alors le Programme Grande École (PGE) en L3, là où il a été pris ; il n’a pas besoin de finir le cursus de l’ESDHEM. S’il n’a aucun concours ou s’il n’a pas l’école qu’il souhaite, il peut continuer l’ESDHEM en L3 et repasser les concours Grande Ecole en fin d’année (AST2). S’il intègre à ce moment-là une grande école, il l’intègrera directement en M1, sans « perte » d’année. Des ponts existent aussi avec les classes préparatoires classiques.


Sur Sophia Antipolis, quels partenariats ont été noués avec le tissu entrepreneurial sophipolitain ? Et quelles relations l’école entretient-elle avec l’écosystème universitaire local ?


Au niveau des partenariats avec les entreprises sophipolitaines, on envoie des stagiaires de l’ESDHEM régulièrement à EA Pharma ou chez Orange. Mon but est de développer ces ponts école-entreprises, notamment dans le domaine de la cybersécurité et des nouvelles technologies de protection environnementale. Ces secteurs techniques en effet ne dispensent pas les entreprises de chercher aussi des talents avec de solides compétences managériales. Le bassin entrepreneurial autour de Sophia Antipolis est extrêmement propice à tisser des liens.


Recherche et Avenir est également un partenariat très intéressant avec l’école qui permet de rapprocher laboratoires de recherche et entreprises. L’association est localisée à Sophia sur le campus de Sophia Tech et elle organise souvent des colloques pour croiser les points de vue. J’ai moi-même participé en janvier en tant que panéliste au 17e Workshop Rencontre et Avenir qui mettait en lumière les enjeux économiques, scientifiques et géopolitiques de la mer.


Avez-vous une idée de la proportion d’étudiants qui reste sur le territoire sophipolitain pour irriguer les entreprises locales ? Quel lien le programme ESDHEM entretient-il avec ses alumni ?


Ce qui est intéressant, c’est que la plupart des étudiants de l’ESDHEM qui intègrent une Grande École choisissent d’intégrer SKEMA Business School (80 % selon les statistiques internes) et sur Sophia, la majorité continue sur le même site. En immédiate post-formation, 50 % restent dans la région. L’ESDHEM, et par extension SKEMA, sont donc de solides pourvoyeurs de jeunes diplômés sur Sophia Antipolis.


Nous avons introduit cette année une association d’anciens étudiants spécifiques à l’ESDHEM avec l’idée de faciliter les mises en relation. On est en train de développer ce volet, à l’image des alumni des écoles de commerce.


Quelle est votre ambition pour le développement de cette formation et comment vous projetez-vous sur Sophia à dix ans ?


L’ambition est de faire décoller le programme de formation postbac de l’ESDHEM à Sophia. On voit bien dans les autres sites de Paris et de Lille que la formation répond à un besoin. Aujourd’hui, nous avons 80 étudiants ESDHEM en L1 sur Sophia Antipolis, rappelons que la formation a ouvert il y a six ans. À titre de comparaison, nous en avons 280 à Lille qui dispense cette formation depuis 25 ans.


Sur Sophia, l’objectif est donc avant tout de se faire connaître et de créer les bons ponts avec les entreprises.


Parution magazine N°40 (mars, avril, mai)

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