MIDƐM+, sur le chemin d’une renaissance

Par Emmanuel Maumon, 13 mars 2023 à 20:04, Cannes

Arts en scène

L’édition zéro du MIDƐM+ a eu lieu du 19 au 21 janvier au palais des Festivals. Une édition préfigurant la véritable renaissance, prévue en 2024, de ce qui fut longtemps le plus grand marché mondial de l’industrie musicale. Un événement que la Ville de Cannes souhaite relancer après plusieurs années d’absence, après avoir racheté la marque à ses organisateurs historiques. L’ambition est de positionner la ville en véritable Davos de la musique. Un lieu de rencontres et de réflexion pour tous les professionnels. Un lieu propice aux innovations technologiques. Un lieu de musique live enfin, tout simplement, afin de favoriser la rencontre entre les artistes et leur public.

Créé en 1967 par Bernard Chevry, le Midem est rapidement devenu l’un des événements majeurs du monde de la musique. Le Marché international du Disque et de l’Édition musicale rassemblait chaque année tous les professionnels de l’industrie musicale, venus faire des affaires à Cannes. Hélas, dans les années 2000, la musique a été victime d’un paradoxe en voyant son marché se rétrécir alors même que son écoute progressait. Ayant eu du mal à s’adapter à cette évolution, le Midem n’a pas résisté à la crise du Covid et ses organisateurs ont fini par jeter l’éponge après deux éditions en mode digital. Pour autant, le maire de Cannes David Lisnard n’a pas voulu se résigner à la disparition de l’une des manifestations cannoises emblématiques.


L’ambition de faire du Midem le Davos de la musique


Sous son impulsion, la Ville de Cannes a racheté la propriété de la marque Midem auprès de RX France (ex Reed Midem). Pour David Lisnard : « La renaissance du Midem est avant tout l’expression d’une volonté. La volonté de confirmer Cannes comme le carrefour de la création, de l’imagination, de la diffusion et de la commercialisation. Tout ce qui permet à l’expression artistique d’avoir un destin collectif ». Cette renaissance s’inscrit pleinement dans le programme « Cannes on Air » destiné à positionner la ville comme leader dans les industries créatives et culturelles. Le Midem sera toujours un marché international de toutes les musiques, mais sans vouloir nécessairement retrouver l’ampleur qu’il avait dans les années 1980-90. L’ambition est avant tout d’en faire un Davos de la musique en réunissant tous les aspects de la valorisation musicale. Un lieu de rencontres et de réflexion qui puisse agréger tout l’écosystème de la musique, explorer son évolution et ses impacts sur la société.


Pour redonner vie au Midem au sein de son palais des Festivals, Cannes s’est appuyée sur les compétences complémentaires de trois coproducteurs : le groupe Hopscotch, organisateur de festivals de film (Deauville et Gérardmer) et du nouveau Mondial de l’Auto ; Panda Events, organisateur de festivals musicaux parmi lesquels les Plages électroniques à Cannes ; Pianity, la première plateforme française dédiée à l’achat, la vente et l’échange de Non-Fungibles Tokens (NFT) musicaux. Un moyen pour les artistes de transformer leurs morceaux en éditions limitées et de les vendre directement à leurs fans. Ensemble, ils sont parvenus à mettre sur pied en peu de temps une édition zéro servant de préfiguration au futur Midem qui prendra véritablement corps en 2024. Les participants de cette édition zéro, dont les cent meilleurs décideurs du secteur, ont d’ailleurs été invités à participer à la définition de la ligne éditoriale et de l’ADN du MIDEM+. Un MIDƐM+ car augmenté d’un caractère expérientiel et de la volonté de ne pas rater le positionnement sur la musique 3.0.


Un lieu propice aux expérimentations


Si par le passé le Midem a eu du mal à s’adapter aux évolutions de l’industrie de la musique et de ses modes de diffusion, le MIDƐM+ veut être ancré dans la réalité d’aujourd’hui. Il entend notamment être en phase avec l’émergence du métavers, du monde immersif et du web 3.0. Jean-Michel Jarre, le parrain choisi pour cette édition pilote, incarne parfaitement cette volonté. Tout au long de son parcours, cet artiste n’a cessé de surfer avec bonheur sur les évolutions disruptives de la musique, de la musique électronique au début de sa carrière jusqu’à l’émergence du métavers aujourd’hui. Au cours de l’événement, Jean-Michel Jarre a beaucoup donné de sa personne en multipliant les expérimentations, notamment lors de trois concerts live durant lesquels il a plongé le public dans un monde virtuel.


Pour Jean-Michel Jarre : « Les nouveaux moyens de production et de composition permettent de revenir à l’écoute de ce que nous avons au quotidien, de ne pas être devant la musique mais dans la musique. » Pour lui, le son est au centre de l’immersion. En effet, alors que pour un être humain le champ visuel se limite à 140°, le champ auditif est à 360°. Il considère qu’on ne peut séparer les technologies qui sont offertes aux musiciens de la création et qu’historiquement, ce sont les technologies qui dictent les styles et non l’inverse. Des technologies dont bon nombre d’entre elles sont nées en France. Lors de la conférence d’ouverture du MIDƐM+23, il s’est réjoui d’avoir été choisi pour être le parrain de cette manifestation. Une manifestation susceptible d’agréger les volontés de changement des modes de production de la musique, tout en célébrant le savoir-faire français. Lui qui milite pour qu’on puisse accéder à un métavers franco-européen indépendant, estime en effet que le MIDƐM+ peut jouer un rôle majeur pour accéder à une souveraineté dans ce domaine.


Le retour en force du live


En relançant le Midem, ses organisateurs ont également voulu renouer avec une tradition de cette manifestation, en accordant une large place à la musique live. Malgré les délais très courts, les équipes de Panda Events sont parvenues à concocter un beau programme de concerts, showcases et performances, destinés non seulement aux professionnels mais aussi au grand public. Un public qui a largement répondu présent puisque la plupart des concerts ont affiché complet pour réunir au total plus de 9 000 spectateurs. Il faut dire que l’affiche était particulièrement alléchante et éclectique.


Outre les trois concerts de Jean-Michel Jarre durant lesquels le public a pu découvrir son album « Oxymore » en son binaural 360 dans un espace dédié, les spectateurs ont également pu applaudir notamment les prestations de Sofiane Pamart, le pianiste de musique classique le plus streamé au monde, du groupe Hyphen Hyphen qui vient de sortir un nouvel album « C’est la vie », de Fatboy Slim, figure majeure du mouvement « big beat », ou encore de Cerrone, légende du disco et pionnier de l’électro. Les organisateurs promettent de faire encore mieux l’an prochain pour la véritable première édition du MIDƐM qui aura lieu du 24 au 27 janvier 2024.

Parution magazine N°40 (mars, avril, mai)

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