Pourquoi la lune n’est pas là pendant le jour ?

Par La rédaction, 13 mars 2023 à 22:45, Sophia Antipolis

La Relève

Dans ce mode d’enseignement, le cadre est défini par thématique et non par matière, et l’objectif est d’apprendre aux enfants à penser par eux-mêmes en leur apprenant une méthode de raisonnement. C’est le process qui compte, pas le résultat, et se gargariser d’être le meilleur n’a pas sa place dans cette pédagogie. L’objectif plus ambitieux de l’école est de forger la confiance en soi et l’altruisme de ses élèves.

Pourquoi la lune n’est pas là pendant le jour ? Cette question existentielle – et surtout la façon dont l’enseignant va répondre – est peut-être la meilleure accroche pour s’immerger dans la pédagogie du programme primaire du système d’enseignement IB dans les écoles internationales. Résolument centré sur l’apprenant, dynamique par nature, ancré dans la méthode du « design thinking », IB propose un cadre qui est défini par thématique et non par matière, et qui puise le contenu de ces thématiques d’un dialogue sans cesse renouvelé entre enfants et enseignants. Si les six thématiques transdisciplinaires sont fixes – comment fonctionne le monde ? qui suis-je dans la société ? … - la façon dont ces thématiques vont être traitées va toujours avoir vocation à varier d’une année sur l’autre car ce sont les enseignants et les élèves qui, chaque six semaines, déterminent ensemble l’angle pour aborder la thématique et donc le contenu concret que va prendre l’enseignement.


Amanda Scott, la directrice de l’école primaire bilingue ICS Côte d’Azur, a fait partie des premiers éducateurs qui ont travaillé sur la composante pédagogique des écoles primaires bilingues dans les années 1990, sous l’égide d’ISCP. Elle nous explique les fondamentaux : « Nous formons les enfants aux étapes du design thinking pour qu’ils puissent acquérir une méthode de pensée indépendante. Concrètement, on amène l’enfant à se poser une question. On l’amène ensuite à formuler des hypothèses de manière simple (qu’est-ce qui peut se passer si…). On l’amène à déterminer de quels matériels il a besoin pour tester ces hypothèses et on le pousse à réfléchir à comment il va mesurer ses expériences. On l’amène enfin à communiquer sur ce qu’il a fait et à réfléchir sur une façon de partager son travail avec ses pairs. »


Pour revenir à la lune, personne n’a répondu à la question. À la place, l’équipe enseignante a poussé les élèves à penser. Quelles sont les choses qu’ils doivent connaître pour pouvoir répondre eux-mêmes à cette question ? De ce dialogue élève-enseignant est ressortie la nécessité d’en apprendre plus sur comment fonctionne le ciel. Les enfants ont donc téléchargé des applications pour observer les étoiles. Chaque enfant à partir du CE1 étant équipé d’une tablette, chacun a pu expérimenter. De ce travail de recherche, les enfants ont découvert que la lune était bien là pendant le jour, en revanche, qu’elle n’était pas tout le temps visible. Pour comprendre pourquoi, ils ont fabriqué une maquette et ils ont pu expérimenter les jeux de lumière. En grande section de maternelle.


L’école a récemment embrassé l’approche STEAM - Science, Technology, Engineering, Arts, Mathematics - et s’est dotée d’un espace dédié inspirant, propice aux expérimentations. Si l’approche STEAM est transversale et peut se dérouler aussi bien dans cet espace qu’en classe ou qu’au-dehors, cet aquarium tient une place centrale dans l’établissement et revendique l’importance du « faire » dans les apprentissages. Une imprimante 3D, un kit de robotique, des microscopes numériques, des éprouvettes de chimie, un écran digital interactif où les enfants projettent directement ce qu’ils font.


Si l’approche IB imprègne pleinement sciences, arts et humanités, l’apprentissage des bases - lecture, écriture, nombre et calculs – s’appuie, côté anglais, sur les méthodes « White Rose Maths » et « Oxford reading scheme », et côté français, sur celles utilisées dans le public. Une certaine forme de compromis se fait puisque les enseignements alternent - un jour français, un jour anglais - et cette organisation pousse l’équipe enseignante à collaborer de manière étroite.


Le rapport à la nature est également souligné par Amanda Scott : « La connexion avec la nature est clé, surtout chez les jeunes enfants. Si nous sommes connectés à la nature, nous allons la comprendre. Nous allons l’aimer. Nous allons donc prendre soin d’elle. » Ne soyez donc pas étonnés si au détour d’un chemin, dans le parc des Bouillides, vous voyez un jour un enseignant faire sa classe de maths sous les arbres, entouré d’enfants qui manipulent la terre, des bâtons et des pierres.


Parution magazine N°40 (mars, avril, mai)

Pour aller plus loin...

Qu’en pensez-vous ?

Donnez-nous votre avis

Pour vérifier que vous êtes une intelligence humaine, merci de répondre à ce questionnement lunaire.