Vauban 21, l’écologie portuaire en action

Par La rédaction, 5 mai 2023 à 14:26, Antibes

Polis

Avec ses 1 500 postes d'amarrage, son infrastructure modernisée et sa capacité d'accueil de bateaux jusqu'à 160 mètres, le port Vauban est un haut lieu de la plaisance et du yachting en Méditerranée. Partenaire des Voiles forcément - il faut bien faire du Tetris avec les bateaux existants pour accueillir les régatiers - le port adopte au quotidien une démarche environnementale pragmatique, contextualisée à l’activité.

Peut-on encore rincer son moteur après une sortie en mer ? Le bon sens pencherait pour le oui, les arrêtés officiels penchent actuellement pour le non. À l’instar des autres ports du littoral, le port Vauban est pleinement impacté par les restrictions d’eau et cette année, sécheresse oblige, les restrictions ont démarré dès le mois de mars. Stricto sensu, on ne peut donc pas laver son bateau au jet entre 8h et 20h. On peut si on le fait en station équipée d’un système de récupération des eaux de lavage mais on imagine aisément le casse-tête d’un gestionnaire de port, tant sur le volet financier, au niveau des volumes d’investissement nécessaires, que sur le volet gestion, la mise en place de telles stations nécessitant en effet beaucoup de place pour pouvoir aménager les bassins de récupération des eaux de lavage. Pas possible de se restructurer autant en un été. Alors que faire ? Ouf ! Seau et balai sont encore tolérés. Et re-Ouf ! Il est aussi possible de rincer son moteur si le bateau est équipé d’un dessalinisateur. Reste à contrôler les pratiques…


Marion Lefevre, responsable environnement du port, souligne le flou de la règlementation actuelle : « On est en dialogue avec la direction départementale des Territoires et de la Mer, ce sont eux en effet qui gèrent la police de l’eau. C’est important de discuter pour que les services de l’État prennent en compte les besoins d’une installation portuaire comme la nôtre dans la réglementation. En l’état, le cadre règlementaire n’est pas assez précis. Or laver un moteur relève d’une nécessité technique, ça ne devrait pas poser de difficulté. Heureusement, des ajustements règlementaires sont en train de se faire. »


Le port Vauban suit de près la qualité de ses plans d’eau. Deux robots Dpol, conçus par les chantiers navals marseillais Francqueville, collectent les déchets flottants et sont en permanence dans le port. Chacun collecte 8 m3 de déchets plastiques par an, l’équivalent d’une grande benne. Un autre robot est entièrement dédié aux interventions en cas de pollution d’hydrocarbures dans le port. Ce robot est équipé d’un filet spécial, rempli d’absorbant, et en cas de pollution, il est déployé en cinq minutes. Deux autres robots vont arriver bientôt pour être positionnés dans des points de cassure, où les macrodéchets tendent à s’accumuler, et deux sont en passe d’être commandés pour être placés sur la grande plaisance. À 4 000 euros le robot, l’investissement en vaut clairement la peine.


Au niveau de la qualité des eaux portuaires, s’il n’y a pas de règlementation spécifique existante pour les ports (la norme des eaux de baignade est en pratique utilisée), six prélèvements bactériologiques sont faits six fois par an par Eurofins sur des plans d’eau du port Vauban et reflètent la situation à un instant t. Dans leur recherche de solutions en temps réel, le port et la CCI suivent de près les évolutions de Bioceanor et notamment sa capacité récente à prédire les risques de prolifération bactérienne à partir de mesures de paramètres physico-chimiques. Les capteurs de mouvement installés sur les mollusques sont aussi des pistes intéressantes à suivre (mais coûteuses, pour le moment non installés) car dès qu’il y a pollution, le vivant réagit très vite et permet une image très fine de la pollution dans un espace donné. Les agents portuaires nettoient régulièrement les fonds marins du port accompagnés du SDIS, de la SNSM, du chantier naval YDGS et de l’entreprise Blue Marine, ainsi que des associations Fonds Bleus, Aventure Pluriel et Lou Bateou. Le port enfin a souhaité mettre en place des filets Pollustock à la sortie de deux émissaires. L’un récolte tous les déchets des rues adjacentes au port (il est équipé d’une doublure fine en été qui permet de capter les micro-déchets, et notamment les mégots), l’autre est en sortie d’une plus grande bouche. Chaque installation a été paramétrée au plus près du débit réel des émissaires pour éviter tout risque d’engorgement en cas de fortes pluies (les filets sont équipés d’un système de sécurité qui fait qu’ils s’ouvrent automatiquement au-delà d’un certain débit).

Parution magazine N°41 (juin, juillet, août)

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