Voiles d'Antibes, Hisse et oh sur Antipolis

Par La rédaction, 5 mai 2023 à 14:07, Antibes

Polis

Difficile d’imaginer Antibes sans voiliers. Des Voiles d’Antibes à la Société des Régates d’Antibes, c’est tout un écosystème qui se structure autour de ces bateaux à vent et qui contribue à faire rayonner la ville. Du mercredi 31 mai au dimanche 4 juin, les Voiles reviennent pour la 28ème édition. Yann Joannon, président de l’association, répond à trois questions pour la rédaction de SophiaMag.

Entre 60 et 70 bateaux classiques sont accueillis tous les ans début juin sur Antibes et ce rassemblement donne lieu à une grande fête populaire où 70 000 personnes sont accueillies sur cinq jours. D’où est venue l’idée de cet événement et comment s’est-il structuré ?


Tout est parti d’une histoire de copains en octobre 1995. La saison des régates se terminait et tous les bateaux antibois rentraient au port après une régate à Saint-Tropez qui était connue pour être le grand rassemblement de bateaux classiques et modernes. C’était un jour où il n’y avait pas de vent et tous les bateaux rentraient au moteur. Plusieurs capitaines se sont alors dit : « mais puisqu’on est tant à Antibes, pourquoi on n’organiserait pas une régate classique ici ? » Projet entériné le soir même au bar des Marins. Coïncidence heureuse, le propriétaire du bar a des attaches avec la nouvelle municipalité qui vient d’être élue. Le projet est présenté au maire et séduit, et de fil en aiguille, les premières Voiles classiques se tiennent en 1996. Dès le départ, la patte est d’être une fête populaire en mixant régatiers et Antibois autour d’une bonne sardinade. L’idée initiale n’était pas forcément de pérenniser l’événement jusqu’à l’appel de la municipalité en fin d’année pour demander les dates de la 2ème édition... C’est ce qui a lancé l’aventure. L’initiative de copains s’est structurée en association et pour l’édition 2023, 700 marins sont sur le pont, originaires de France, d’Italie, d’Espagne, d’Angleterre, de Nouvelle Zélande, d’Australie, d’Allemagne, des Pays-Bas, et plus de soixante navires prennent part à la régate, le plus grand fait 45 mètres.


Quelle est la spécificité de cette régate ?


Les Voiles dépendent du Comité international de la Méditerranée qui gère les régates de yachts classiques. Les bateaux doivent donc avoir été conçus entre 1950 et 1975 (avant, ils sont catégorisés en bateaux d’époque) et sont majoritairement en bois. Ces bateaux ont une histoire incroyable, des architectes qui les ont dessinés aux chantiers navals qui les ont construits, ajouté à cela les histoires des équipages qui se sont succédé et celles de leurs propriétaires et de leurs armateurs. Le Manitou par exemple, le bateau de JFK, est impressionnant à l’intérieur car il dispose de tous les moyens de communication de l’époque pour que le président des États-Unis puisse être informé et réagir en cas de crise. Cambria est l’un des plus grands bateaux de la flotte, il fait souvent l’affiche des Voiles. Parmi les bateaux antibois, on peut citer Crazy Life et One Way, deux belles goélettes, et Outlaw, le seul bateau hors-la-loi qui a fait les 28 éditions en respectant les règles. Il y a plusieurs régates de yachts classiques en Méditerranée, en Espagne, en Italie, à Monaco, en France, mais la particularité d’Antibes, c’est de se dérouler en tout début de saison. Il n’y a donc pas encore de grand enjeu de championnat (l’atmosphère est différente à l’automne…). Les Voiles d’Antibes, c’est le moment où tous les bateaux et équipages se retrouvent. Ils ne se sont plus vus depuis le mois d’octobre pour la plupart, c’est donc très convivial.


Vous avez mis cette année l’accent sur l’écoresponsabilité. Quelles sont les mesures concrètes que vous avez prises ?


Au niveau du Village, au lieu d’avoir des tentes en plastique comme d’habitude, fabriquées à l’autre bout du monde, on a travaillé avec notre prestataire et le Village va être composé de cubes en bois, issus d’une filière de bois recyclé. On travaille aussi en collaboration avec le port Vauban pour récupérer tous les mégots. On les envoie ensuite à une société (MéGO !) qui les recycle à base des filtres. Pour les bateaux qui cuisinent à bord, on va leur mettre à disposition des composteurs mobiles. Pareil pour nos cuisines mobiles sur le port. Pour le tri, on met cette année plus de poubelles de tri sélectif à disposition. On se met également aux ecocups pour supprimer complètement les verres en plastique. En mer, on utilise deux bouées géostationnaires pour marquer le parcours, comme ça on n’est plus obligé de mouiller des bouées au fond. On loue ces bouées sur Monaco qui sont vraiment efficaces, même en cas de grand vent ou de houle. On les géo-commande par portable.


Pour aller plus loin


La Société des Régates d’Antibes (SRA) est le partenaire course des Voiles sur l’eau. À chaque bouée en effet, il faut des bateaux pour prendre les temps des concurrents qui passent et ça nécessite de mobiliser beaucoup de bateaux. La SRA est une véritable institution antiboise depuis 1896, reconnue d’intérêt général, et c’est l’un des plus grands clubs de France. Experte en organisation de régates, associée au prestigieux Yacht Club de France, la SRA, avec ses 244 bateaux, est un partenaire incontournable pour tout événement d’envergure. Jacques Escalier a récemment été élu président de l’association. Membre du conseil d’administration depuis plusieurs années, il a par le passé occupé les postes de trésorier adjoint et de responsable de la Commission communication. Il n’est pas entré à la SRA de manière classique, par les voiles, et il ne cache pas son appétence pour le bateau à moteur. C’est l’amour de la mer qui a fait le lien avec les membres de l’association. Les activités de l’association sont structurées autour de trois piliers. 1/ La voile lourde, qui correspond à l’organisation de régates. La SRA en organise une vingtaine par an, dont des régates solidaires et tout récemment, la Croisière bleue Antibes-Calvi. 2/ La compétition. La SRA est leader sur trois supports – Optimiste, Laser, 420 – et accompagne des jeunes à partir de 6 ans jusqu’à l’olympisme. 400 enfants étaient sur l’eau l’année dernière pour la Coupe internationale de Printemps et Lara Granier, l’un des plus grands espoirs français de voile, est coachée par le club depuis plus de dix ans. 3/ L’école de voile et depuis 2019, la voile pour tous, avec un bateau dédié aux personnes en situation de handicap, le Ty Diabolo, et notamment un partenariat avec IPSA. L’enjeu principal de l’association aujourd’hui est d’arriver à redresser la barre des finances dans un contexte d’inflation où des dépenses de fonctionnement incompressibles augmentent sans modèle économique compensateur en face. Le club peut compter sur le professionnalisme de ses agents. Les entraineurs de la Société des Régates d’Antibes sont reconnus à l’international et partent faire des régates dans toute l’Europe et le club a démontré maintes fois sa capacité à organiser de gros événements.

Parution magazine N°41 (juin, juillet, août)

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