Voyage dans nos imaginaires...

Par La rédaction, 1 septembre 2023 à 14:20

Quoi d'9 ?

L’évolution rapide, ou plutôt la révolution des technologies basées sur les IA génératives ces derniers mois, a transformé de manière inédite l’accès à nos imaginaires. Elle change aussi profondément l’expérience du voyage et la dynamique de nos déplacements quotidiens. Les mobilités s’appréhendent de moins en moins en termes de distance et ce sont désormais l’expérience et l’impact carbone qui priment. L’intégration d’intelligences artificielles dans l’expérience du voyage fait l’effet d’un boost où se déplacer devient une expérience sensorielle d’un nouveau type. La société antiboise L2concept l’a bien compris et prend à plein ce virage. Entretien avec Alain Grandjean, président fondateur du Groupe L2Concept-Factory Unit, et David Carvalho, associé et directeur général des structures, qui nous expliquent les changements qu’ils engagent en interne.

Vous venez de concevoir un cockpit laboratoire au sein du bassin de Sophia Antipolis pour tester les nouvelles technologies qui impactent les mobilités. Pouvez-vous nous indiquer d’où est venue l’idée de ce projet et nous expliquer concrètement ce qu’est ce cockpit et à quoi il va servir ?


Au vu des évolutions en cours, nous nous sommes mis à explorer les systèmes de transport intelligents capables d’apprendre, d’anticiper et de s’adapter aux besoins et aux comportements changeants. Les univers couverts par la combinaison de capteurs avancés et d’IA génératives remodèlent intrinsèquement le concept même de mobilité et ouvrent un vaste champ d’expérimentation.


L’idée initiale a germé à travers des échanges réguliers avec la société berlinoise INCARI. Ils éditent une toute nouvelle solution « no code » pour donner la capacité à des non initiés de produire des interfaces à bord d’une grande richesse graphique et câblée sur les technologies embarquées à bord ou connectées sur des serveurs distants. C’est lorsque la société Dynaudio, spécialiste du son, a souhaité tester la plateforme que nous avons uni nos forces et nos budgets pour donner naissance au projet Fusion-X.


Nous avons donc souhaité « éco-créer » avec des partenaires les voyages d’un nouveau type qui sont en train de se construire. En collaboration avec Factory Unit, nous avons conçu un cockpit laboratoire qui s’apparente à une barge pour intégrer le flux d’innovations et de nouvelles technologies qui émergent du bassin de Sophia. L’intégration d’IA dans les différents types de véhicule et modes de transport offre un potentiel énorme. L’un des aspects clés réside dans la collecte de données massives à travers des capteurs qui permettent aux systèmes d’apprendre et de s’améliorer en continu.


Quels types de données vont être collectées par ces IA ? Et quel va être le degré d’intrusion dans la vie privée ? Va-t-on pouvoir « déconnecter » l’IA de sa voiture sans se mettre en danger ?


Nos terminaux mobiles vont jouer un rôle clé dans le succès de cette stratégie marché en gérant notamment toute la gamme des consentements possibles. L’utilisateur gardera la main. C’est lui qui décidera jusqu’où il ouvre sa sphère personnelle à l’expérimentation des univers imaginaires qui vont être générés par les IA. Une fois ce paramétrage éthique posé, grâce à l’apprentissage automatique rendu possible par les réseaux neuronaux, les systèmes embarqués vont apprendre sous supervision humaine (bienveillante) comment gérer les situations en déplacement qui peuvent parfois paraître ambiguës. Les IA vont savoir s’adapter et vont recommander des itinéraires alternatifs en temps réel en utilisant les données captées.


Certaines IA vont être expertes dans l’analyse des préférences des usagers. Si l’utilisateur l’accepte, des informations telles que les préférences musicales, le déroulé d’un agenda, la localisation du dernier cliché pris ou la nature des derniers achats pourront être prises en compte pour offrir une expérience unique de voyage sur mesure rendue possible par une activité largement collective. Les systèmes embarqués vont pouvoir anticiper les besoins des voyageurs, tirer profit des congestions pour profiter d’un temps précieux et aussi détecter les anomalies sur la route et leur donner une forme inattendue pour capter l’attention de l’utilisateur. Provoquer l’émotion l’espace d’un moment c’est le rendre spécial. Lorsqu’on y associe en plus une donnée personnelle, l’instant en devient mémorable. La personnalisation de l’expérience va être une des valeurs ajoutées des systèmes embarqués.


Ce cockpit laboratoire ou laboratoire cockpit va permettre de collecter des jeux de données et d’écrire et de tester les scénarii des futurs possibles en simulant des scènes de vie via des dispositifs bardés d’une multiplicité de capteurs (caméras, radars, capteurs de mouvement, capteurs biométriques, lidars (jargon pour télédétection de distance par laser). Ces capteurs vont recueillir une multitude d’informations en temps réel, de la perception des utilisateurs à leur comportement, et vont aussi chercher à comprendre les facteurs qui influent sur le milieu environnant. Une expérience qui naît est toujours ancrée dans une dynamique de contexte. Nous souhaitons reconnaître ces variables afin de pouvoir les reproduire et les insuffler au moment approprié pendant un déplacement, pour optimiser l’expérience du trajet.


L’usager va garder son libre arbitre et aura le choix de se défaire de toute forme d’assistance supervisée par des IA. Mais dans le même temps, il ne faut pas se tromper. Ces IA vont permettre une interconnexion ultra performante avec des systèmes d’une grande complexité. C’est cette coordination, paramétrée pour être la plus parfaite possible, qui va garantir le fonctionnement harmonieux du système. Un passage brutal ou non planifié en mode manuel, c’est à dire sans communication claire des intentions prévisibles de l’utilisateur, pourrait constituer une mise en danger potentielle des piétons, des autres voyageurs, voire de l’utilisateur. C’est à toujours garder en tête sur le sujet des véhicules autonomes.


Quels sont les principaux enjeux ?


Les mobilités du futur sont en train d’être façonnées par des entreprises et des collectifs en étroite imbrication avec les nouvelles technologies d’IA. L’enjeu est de rester au service du collectif et d’éviter de créer des imaginaires qui ne servent à rien. La collecte en temps réel de données contribue à créer une forme de conscience collective qui nous connecte à la réalité en nous montrant les impacts de nos actions en temps réel. Les systèmes de transport informés vont apprendre de nos comportements et vont s’auto-ajuster, en fonction de nos préférences. Cependant, cette évolution soulève également des questions éthiques, de confidentialité des données et de dépendance à la technologie. Clients décideurs, entrepreneurs et institutionnels n’ont pas d’autre choix que de travailler ensemble pour ne pas perdre de vue l’enjeu du collectif.

Parution magazine N°42 (septembre, octobre, novembre)

Qu’en pensez-vous ?

Donnez-nous votre avis

Pour vérifier que vous êtes une intelligence humaine, merci de répondre à ce questionnement lunaire.