Aux côtés des plongeurs
de la Gendarmerie nationale
Planète bleue

© Pierre Vadam
En 2024, à Antibes, une rencontre déterminante avec les plongeurs enquêteurs du Centre national d’Instruction nautique de la Gendarmerie (CNING), dirigé par le commandant David Veyrunes, a ouvert la voie à une collaboration inédite avec Mines Paris PSL et particulièrement son laboratoire de Sophia Antipolis. Le projet DIVER entend conjuguer les expertises respectives pour concevoir un drone sous-marin entièrement dédié à l’investigation judiciaire en grande profondeur. Franck Guarnieri, directeur de recherche et à l’initiative de Mines Paris pour l’Océan, nous en explique les contours.
Un besoin opérationnel fort, une réponse technologique sur mesure
Les plongeurs d’élite du CNING, reconnus, depuis 1965, pour leurs interventions dans des environnements extrêmes, se heurtent à des limites techniques dès que la profondeur excède 50 mètres : contraintes de sécurité, faible visibilité, endurance humaine restreinte. L’ambition du projet DIVER est d’apporter une réponse concrète à ces défis en développant un drone sous-marin téléopéré depuis la surface, spécifiquement conçu pour assister les enquêteurs tout en garantissant l’intégrité de la chaîne de preuve.
Dès les premiers échanges, un principe a été posé comme fondement du projet : il ne s’agira pas d’adapter une technologie existante, mais bien de créer un outil entièrement pensé pour les besoins spécifiques de la police technique et scientifique subaquatique.
Un ROV conçu spécifiquement pour l’enquête judiciaire subaquatique
Élaboré en étroite collaboration avec le CNING, le cahier des charges repose sur trois piliers :
- une caméra ultra haute définition, couplée à un sonar, pour localiser et documenter avec une précision millimétrique les scènes sous-marines
- une structure compacte, robuste et résistante aux grandes profondeurs, aisément déployable en conditions réelles et dotée d’un système d’éclairage puissant
- une interface logicielle ergonomique, facilitant une prise en main rapide par les opérateurs de la gendarmerie.
L’enjeu dépasse la seule prouesse technologique, il est également judiciaire, humain et institutionnel. Il s’agit de doter la Gendarmerie de moyens lui permettant d’intervenir efficacement là où très peu d’acteurs peuvent opérer.
Une démarche projet rigoureuse,
pour une innovation au service de l'intérêt public
Le projet DIVER s’échelonne sur 18 mois, répartis en cinq grandes phases : analyse des besoins, conception, prototypage, essais terrain et intégration opérationnelle. Les tests sont menés à la fois dans le bassin d’essai de Mines Paris PSL, au laboratoire de Sophia Antipolis, et sur le terrain aux côtés des plongeurs du CNING, dans leur zone d’entraînement d’Antibes/Golfe-Juan.
Cette proximité constante avec les utilisateurs finaux est l’un des moteurs essentiels du projet : elle permet de co-développer un dispositif pertinent, agile, et potentiellement transposable à d’autres acteurs, tels que les brigades nautiques ou la Marine nationale.
Ce partenariat avec le CNING illustre pleinement l’engagement, à Mines Paris, à mettre la science et l’ingénierie au service des missions régaliennes. Travailler aux côtés de professionnels de terrain, capables de fournir des retours précis en conditions opérationnelles réelles, constitue une richesse rare dans le domaine de l’innovation technologique. Avec DIVER, une opportunité a été saisie, non seulement de faire progresser la robotique subaquatique, mais aussi de contribuer activement à la modernisation des outils de la justice et de la sécurité publique, dans un esprit de responsabilité sociétale affirmée.
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