L’apport des drones
à l’archéologie sous-marine
Planète bleue

Annie en visite d'épave © Jean-Michel Mille
L’archéologie sous-marine demeure l’un des derniers grands espaces d’exploration historique. Si l’imaginaire collectif continue d’associer cette discipline à l’aventure de plongeurs découvrant des trésors engloutis, il s’agit d’un domaine exigeant, fondé sur une méthode rigoureuse et un cadre scientifique strict. En juin 2025, archéologues sous-marins et ingénieurs se sont croisés le temps d’une mission.
En France, c’est le Département des Recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (DRASSM), un service relevant du ministère de la Culture, qui coordonne les différentes missions d’archéologie sous-marine. Depuis sa base marine à Marseille, le DRASSM supervise l’ensemble des interventions menées sur le domaine maritime français.
Depuis quelques années, les drones sous-marins, ou véhicules téléopérés (ROV), bouleversent la pratique de l’archéologie subaquatique. Alors que les plongées humaines sont limitées par la profondeur, le temps de fond ou les conditions du milieu, ces machines offrent une liberté d’action sans précédent. Capables d’évoluer à plusieurs centaines de mètres de profondeur, de transmettre en direct des images haute définition, de détecter des structures grâce à leurs capteurs embarqués et d’intervenir avec une extrême précision, ils sont devenus les véritables prolongements robotisés de l’archéologue.
Une mission récente, en juin 2025, menée avec Anne Joncheray en est une démonstration éclatante. Archéologue reconnue et directrice du musée archéologique de Saint-Raphaël, elle avait repéré dès 2016, au large de l’île d’Or (près de Hyères), une anomalie sonar à grande profondeur. Faute de moyens adaptés, la nature de cette structure était restée indéterminée. L’intervention de Mines Paris PSL, dans le cadre du projet d’ingénierie Underwater 2025, a conduit au déploiement de deux drones sous-marins téléopérés depuis la surface.
À 107 mètres sous la surface, la mission a révélé une barge métallique d’environ
15 mètres de long. Loin d’un trésor archéologique, pour autant ce vestige a forcément une histoire à raconter.
Son exploration a permis d’identifier un moteur, une grue rabattable, un canot en plastique et un pare-battage datant d’après 1975, signes d’une construction utilitaire et récente. L’absence de toute pollution visible et la présence d’une faune abondante - langoustes, coraux, éponges – témoignent en outre de la transformation progressive de cette épave en récif artificiel.
À travers cette opération, c’est une nouvelle manière de faire de l’archéologie qui s’affirme. Celle-ci ne se définit plus uniquement par la plongée physique, mais par une démarche interdisciplinaire intégrant l’archéologie, l’ingénierie, l’histoire et la biologie. Les drones complètent l’arsenal des outils des archéologues, ils les accompagnent dans des zones jusqu’alors inaccessibles, ils prolongent leur regard et leurs gestes.
Grâce à ces ROV, l’exploration devient aussi plus sûre, plus précise et surtout plus respectueuse des environnements fragiles. Le passé, parfois discret, souvent enfoui, peut ainsi être mieux compris, mieux protégé, et partagé avec le plus grand nombre.
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