Innovation & Environnement
vus de l’industrie du voyage
De Tech à tech

Pierre Giordano, vice-président d’Amadeus France © Amadeus
Amadeus vient tout juste de réaliser un autre investissement stratégique dans une startup new-yorkaise spécialisée en IA générative, Acai Travel, continuant son engagement concret dans ces technologies. L’occasion pour la rédaction de prendre le pouls de la gouvernance sur les rapports complexes entre innovation et environnement. Entretien sans fard avec Pierre Giordano, vice-président d’Amadeus France.
Comment voyez-vous l’évolution de votre activité à cinq ans ? Avec quelle place pour l’IA ?
Prédire l’évolution de technologies émergentes et au développement rapide telles que l’IA générative est un exercice délicat. Il y a encore trois ans, on parlait peu, voire pas du tout d’IA générative et aujourd’hui, elle révolutionne notre quotidien et nos industries. Amadeus a investi plus de 1.3 milliard d’euros en recherche et développement en 2024, soit 20 % de plus qu’en 2023. Nous intégrons l’IA dans nos solutions depuis plus d’une décennie afin d’améliorer l’expérience des voyageurs pour tous, et partout dans le monde. Nous sommes en recherche permanente d’innovation.
Nous travaillons en étroite collaboration avec des partenaires mondiaux et également avec des partenaires locaux. Avec des universités, des laboratoires de recherche, des groupements industriels… Avec le Conseil de Recherche industrielle pour l'Intelligence artificielle (ICAIR) par exemple, avec l’IA Cluster 3IA Côte d’Azur… Toutes ces collaborations nous permettent de prévoir certaines évolutions. La vague actuelle des agents IA par exemple avec l’émergence de modèles de données contextualisés. L’arrivée du quantum computing… On se positionne sur ces bases et on adapte notre offre en conséquence.
À titre d’exemple, grâce à l’IA aujourd’hui, on arrive à optimiser les mouvements de matériel sur un aéroport en croisant données de vol et données passagers. Cela permet aux aéroports de mieux prévoir l’usage des équipements et d’éviter de faire des déplacements inutiles de matériel au sol. L’impact environnemental dans ce cas précis est donc positif. Le rôle d’Amadeus, c’est de développer des solutions innovantes pour nos clients, afin de les aider à mieux appréhender et à mieux gérer l’impact de leurs opérations. Le postulat est simple, si nos clients sont mieux informés, ils pourront faire de meilleurs choix stratégiques, notamment en matière de réduction d’impact environnemental. Notre rôle est donc de maintenir des solutions à la pointe de l'innovation pour que l'ensemble de nos clients et partenaires puisse en bénéficier, tout le long de la chaîne du voyage, jusqu’à l’usager final.
Quel est votre point de vue sur le cadre règlementaire actuel ? Au vu des enjeux, va-t-on assez loin sur le volet environnemental ?
Comme beaucoup de grandes entreprises, nous publions les activités que nous menons en matière de développement durable dans le cadre de notre rapport annuel. Au-delà du cadre règlementaire légal, Amadeus a mis en place une politique interne corporate très engagée, notamment en matière éthique. Les aspects de privacy, transparence et fiabilité des données sont très importants dans notre activité et sont considérés comme tels.
En rapport avec l’intelligence artificielle, nous sommes signataires du Pacte sur l’IA qui est entré en vigueur l’année dernière au niveau européen (août 2024) et nous intégrons dans nos process les aspects réglementaires et les bonnes pratiques. Pour développer des solutions qui font appel à la biométrie par exemple, on utilise l’IA pour générer des visages artificiels et former à la reconnaissance faciale. C’est ce qui permet de respecter nos principes éthiques.
Nous prêtons aussi une attention particulière à la façon dont nos solutions et algorithmes sont développés et à leur mode de fonctionnement avec notre programme Green IT. Nous adaptons les capacités de stockage aux besoins de nos utilisateurs. Nous optimisons nos algorithmes et mesurons leur efficacité en matière de transactions. On cherche aussi à favoriser le choix de partenaires et de fournisseurs qui sont engagés dans cette même démarche. Pour nos locaux, nous avons mis en place un certain nombre d'actions afin de réduire l'empreinte carbone. Cela demande évidemment l’effort de l’ensemble des collaborateurs et nous nous assurons qu’ils soient formés en conséquence. L’objectif pour Amadeus est de tendre vers du net-zéro impact d'ici à 2050.
De votre point de vue, la course à l’innovation est-elle compatible avec l’approche générale de développement durable ? Les deux semblent en tension, presque irréconciliables. Comment voyez-vous les choses ?
Pour tendre et améliorer notre impact sur l'environnement, l'innovation technologique est un enjeu majeur. De mon point de vue, se focaliser sur l’innovation, c'est aider à répondre au défi environnemental global. Nous travaillons avec des laboratoires de recherche sur l'optimisation de la gestion de données de masse. C’est un enjeu clé pour nous, mais aussi pour nos partenaires, et c'est absolument essentiel. C’est de l’innovation que sortiront les éléments probants qui nous permettront de faire face à ces challenges environnementaux globaux. Nous ne pouvons pas aborder ces sujets seuls, même si nous sommes un acteur central de l'industrie du voyage. En tant qu’acteur global mondial, nous croyons fermement en une nécessaire collaboration de l’ensemble des acteurs de la filière dans ce domaine. C’est cette démarche collective qu’ICAIR cherche à impulser et à entretenir.
Amadeus s’est posé des objectifs ambitieux en matière environnementale. Il est intéressant de noter que la société revendique utiliser une approche basée sur la science pour estimer son impact environnemental. Spécifiquement, ses objectifs se basent sur l’approche développée par l’Initiative Science Based Targets (SBTi). Cette organisation internationale a développé des normes, des outils et des conseils qui permettent aux entreprises de fixer leurs propres objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), conformes à ce qui est nécessaire pour maintenir le réchauffement de la planète en dessous de niveaux catastrophiques. On ne parle même plus de refroidir...
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