Les Alpes-Maritimes
Terre d’IA

Par Emmanuel Maumon, 1 mars 2023 à 19:32

De Tech à tech

La deuxième édition du World Artificial Intelligence Cannes Festival (WAICF) s’est déroulée du 9 au 11 février au palais des Festivals. Un beau succès pour ce rendez-vous international consacré à l’intelligence artificielle, qui a vu les professionnels du secteur présenter les innovations majeures et sensibiliser les visiteurs aux enjeux économiques, humains, éthiques et sociétaux de l’IA. L’écosystème sophipolitain était ici bien représenté.


Amadeus fait partie des grandes entreprises implantées sur Sophia Antipolis, qui utilisent depuis longtemps l’intelligence artificielle. Une technologie qui constitue l’axe principal des chercheurs de son entité Amadeus Research. Aujourd’hui, l’intelligence artificielle est plus que jamais au cœur de l’industrie du voyage, car les compagnies aériennes et les voyageurs voient un intérêt grandissant dans les solutions qui utilisent l’IA. Celle-ci est utilisée notamment pour enrichir l’expérience du voyageur, depuis la recherche d’un vol au meilleur prix jusqu’à des propositions personnalisées de produits susceptibles de les intéresser.


Outre une confrontation avec les autres acteurs de l’IA, Amadeus a vu dans le salon WAICF un moyen d’exposer son expertise, ainsi que sa volonté de rendre l’intelligence artificielle plus éthique. Elle a ainsi présenté son système de reconnaissance faciale qui a vocation à rendre l’expérience du voyage plus sécurisée et plus rapide lors de l’embarquement, mais aussi plus équitable et inclusive. Amadeus utilise de nouvelles techniques d’IA pour générer des millions de faux visages qui représentent des voyageurs, avec une variation volontaire de l’ethnicité. Ceci afin de s’assurer que, dans les données utilisées pour entraîner ses systèmes, il y ait une sorte d’équité par rapport au genre, au sexe ou à l’ethnicité.


Des startups dynamiques dans un département qui soutient l’écosystème IA


Le dynamisme des startups sophipolitaines qui utilisent l’IA dans des domaines très variés n’est plus à prouver. Santé, sécurité, tourisme, mobilité. Symbole de la qualité de ces startups, le Cannes Neurons Awards 2023, décerné lors du WAICF dans la catégorie Inclusive IA, a récompensé NeuroPin, une startup hébergée par l’INRIA à Sophia Antipolis. Fondée par Antonia Machlouzarides-Shalit, NeuroPin a développé un logiciel qui combine les neurosciences et l’apprentissage automatique pour aider les radiologues à organiser, détecter et interpréter les résultats d’IRM cérébrale.


Le Département des Alpes-Maritimes a très tôt pris conscience de l’importance de l’IA. Il en a fait l’un des éléments clés de sa politique du Smart Deal et positionne désormais la Côte d’Azur comme une véritable Terre d’IA en créant une dynamique de territoire autour du secteur et en braquant les projecteurs sur les startups azuréennes (25 ont été invitées sur le stand du Département pour présenter leurs activités).


L’essai semble donc bien transformé pour le Salon professionnel WAICF dont la seconde édition lui a fait prendre une nouvelle dimension. L’événement a cette année réuni 15 000 visiteurs et 200 exposants répartis en dix espaces thématiques qui ont permis de découvrir l’IA sous toutes ses facettes. Lors de multiples conférences ou workshops, les meilleurs experts ont pu présenter leurs solutions visionnaires et leurs idées concrètes, tant sur le plan technique que sur le plan de l’éthique, et ils ont aussi pu débattre sur les nombreuses questions que soulève l’intelligence artificielle.


Persuadé que l’IA peut être d’une grande utilité dans les domaines de compétence du département, de la gestion des routes à la gestion de la dépendance et du handicap, le président du Conseil départemental, Charles-Ange Ginésy, a souhaité investir massivement en partenariat avec les entreprises et l’Université Côte d’Azur, avec pour ambition de devenir un exemple pour les autres collectivités françaises.


Une Maison de l’IA pour sensibiliser le grand public et une reconnaissance nationale


Outre sa volonté de développer sur son territoire un écosystème de l’IA, le Conseil départemental souhaite également sensibiliser le grand public aux nombreux enjeux entourant l’IA. À cet effet, en partenariat avec la CASA, la CCI et Université Côte d’Azur, il a créé en 2020 une Maison de l’Intelligence artificielle. Implantée à Sophia Antipolis, sa mission consiste à faire découvrir de manière ludique les différents usages de l’IA, ses avantages et ses inconvénients, ainsi que ses enjeux pour les métiers de demain.


La Maison de l’IA s’adresse à tous les publics, depuis les collégiens jusqu’aux séniors en passant par les associations et les entreprises, et joue le rôle d’un véritable hub pour l’écosystème azuréen de l’IA dont elle a vocation à favoriser les échanges. Un rôle qu’elle a notamment joué lors du salon WAICF où, outre la présentation de ses activités, elle était chargée d’organiser les animations proposées sur le stand du Département des Alpes-Maritimes. Des animations qui ont permis aux visiteurs de mieux appréhender les différentes activités de ceux qui œuvrent autour de l’IA sur le territoire, tout en s’informant sur les actualités comme ChatGPT.


La création sur la Côte d’Azur de l’un des quatre Instituts interdisciplinaires d’Intelligence artificielle (3IA), voulus par le président de la République, a enfin été vécue comme une véritable reconnaissance nationale de la qualité de la recherche menée sur l’intelligence artificielle dans les Alpes-Maritimes. Comme l’a souligné Charles-Ange Ginésy: « La création d’un 3IA nous a incités à aller encore plus loin pour créer une dynamique de territoire autour de l’écosystème de l’intelligence artificielle. »


L’institut 3IA Côte d’Azur repose sur trois piliers : Recherche, Partenariat & Innovation, Education & Formation. La recherche est particulièrement développée avec l’existence de 48 chaires, principalement en médecine et en biologie, des domaines où la prise de décision sur des ensembles de données est omniprésente. En partenariat avec les entreprises du territoire, l’innovation et la formation y occupent aussi une place importante. L’enjeu est de taille. Il s’agit en effet de former les futurs professionnels de l’IA, sans oublier les ingénieurs et les techniciens des entreprises azuréennes.

Parution magazine N°40 (mars, avril, mai)

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