Akidaia révolutionne le contrôle d’accès

Par Emmanuel Maumon, 4 mars 2024 à 10:45

Quoi d'9 ?

Après avoir identifié un problème sur le marché de la sécurité, Akidaia a développé une solution qui révolutionne le contrôle d’accès. Une solution offline économique, simple d’utilisation et qui évite tout risque de cyberattaque. Avec sa « minibox », la startup niçoise a déjà glané de nombreuses récompenses, notamment lors du dernier CES de Las Vegas. Rencontre avec son CEO Gaël Lededantec pour évoquer les caractéristiques de cette nouvelle technologie, ainsi que les perspectives de développement de la société. 

Gaël Lededantec, avec Nazim Lahlou et Ouajdi Babay Rouis, vous avez fondé Akidaia fin 2020. Qu’est-ce qui vous a incité à l’époque à créer cette entreprise ?


Nous avions compris qu’il y avait un problème sur le marché de la sécurité et du contrôle d’accès. Nous nous sommes rendu compte que toutes les solutions de sécurité pour les entreprises (badge, QR code, lecteur biométrique) fonctionnaient de la même manière. Vous avez toujours un lecteur qui va récupérer un identifiant et l’envoyer à une base de données recensant la liste des identifiants autorisés. Forts de ce constat, nous nous sommes dit en 2018 qu’il y avait beaucoup de choses à faire dans ce domaine. Nous avons donc développé notre solution en commençant à pitcher notre idée auprès de grands groupes pour voir s’ils étaient prêts à tester notre solution. Ils ont répondu positivement et nous avons fabriqué notre premier prototype et la machine était lancée.


Quelles étaient les contraintes qui pesaient sur les différentes solutions de contrôle d’accès utilisées depuis 30 ans ?


Avec cette nécessité d’être connectées à un réseau, les solutions traditionnelles sont déjà chères à installer car il faut effectuer des travaux. De plus, lorsque le site est éloigné ou isolé, il s’avère souvent compliqué d’apporter une solution de sécurité et de contrôle d’accès. Enfin, cette connexion à un réseau engendre un risque cyber très important. Un type de risque que nous éliminons totalement avec notre solution.


Des caractéristiques variés


La minibox d’Akidaia permet de s’affranchir de toute connexion internet. Comment fonctionne-t-elle ?


Le système que nous avons développé permet d’identifier les personnes sans avoir besoin de se connecter à une base de données. Au lieu de se référer à cette centrale d’accès, nous avons décentralisé les droits d’accès. On se retrouve avec un lecteur qui, au lieu d’être connecté, va se comporter comme une boîte noire que l’on peut brancher partout en cinq minutes car il n’y a que quatre fils à brancher. Avec notre système, l’ouverture des points d’accès s’effectue via smartphone, qui sert de moyen d’identification grâce à un cryptage digital. Notre innovation est vraiment orientée cryptographie avec quelque chose qui est chiffré et hyper sécurisé.


Une autre particularité de votre minibox, c’est qu’elle ne stocke aucune donnée utilisateur. Cela sécurise-t-il encore plus votre système ?


Aujourd’hui, les derniers chiffres montrent une augmentation de près de 400 % des cyberattaques. En termes de sécurité, non seulement il est impossible d’attaquer notre minibox, mais l’on ne peut pas non plus extraire d’informations utilisateur. On protège ainsi aussi bien les usagers que la donnée de nos clients. Savoir que telle personne est entrée sur tel site, ou que tel responsable y a accédé à telle heure, constituent des données qui restent hyper sensibles et qu’il importe de protéger.


N’ayant pas besoin de se connecter à une base de données, votre boîte noire permet de contrôler l’accès de sites isolés. Cela ouvre-t-il de nombreux marchés, notamment dans le BTP ?


Effectivement, le BTP constitue clairement un marché porteur. Dans le BTP et la construction, nous visons les sites isolés, mais également les sites temporaires. Sur ces derniers, une entreprise fait aujourd’hui appel à un installateur qui facture généralement quelques milliers d’euros pour sécuriser les points d’accès sur un chantier. Un chantier va durer un ou deux ans et, lorsqu’il s’achève, l’investissement est perdu. Avec notre boîtier, une entreprise comme Vinci Construction avec qui nous travaillons le branche sur un système d’ouverture et, lorsqu’un chantier se termine, le débranche puis le rebranche sur un nouveau chantier. Cela génère des économies importantes. Nous avons déjà un bon positionnement prix pour notre minibox, mais nous faisons vraiment la différence sur les coûts d’installation. En évitant les travaux et en limitant le temps d’intervention des installateurs, nous réduisons fortement le coût global lié au fait d’apporter une infrastructure réseau sur chacun des points d’ouverture.


L’innovation d’Akidaia doublement récompensée au CES de Las Vegas


Dernièrement, lors du CES 2024 à Las Vegas, Akidaia été doublement récompensée. Cela revêt-il une importance particulière de se voir ainsi distingué dans le temple de l’innovation technologique ?


Nous avons été particulièrement ravis car il s’agit de l’événement le plus important sur les sujets d’innovation. Le fait d’avoir eu cette Innovation Award, constitue une preuve du degré d’innovation que nous apportons sur le marché. Cela nous apporte une crédibilité technique en matière de cybersécurité et laisse bien augurer du potentiel de développement de notre innovation. De plus, nous avons également été récompensés par Business France en tant que meilleure startup française dans la catégorie « Robotique et industrie du futur ». Cela montre que nous sommes légitimes dans le monde de l’industrie, un marché sur lequel nous souhaitons nous positionner.


C’était la seconde fois que vous participiez au CES de Las Vegas. Qu’est-ce que cela vous a apporté ?


L’an dernier, cela nous a apporté l’un de nos premiers contrats à l’exportation. Cette année, nous retenons surtout les rencontres avec les dirigeants des grands comptes français. Il est plus facile de rencontrer les dirigeants des grands groupes français à Las Vegas que sur des salons en France. Là-bas, les décideurs se baladent dans les allées pour découvrir les innovations. Après, c’est à nous de faire le boulot pour pouvoir arriver à pitcher ce qu’on propose car, juste pour la partie startup, nous sommes 1 200 exposants. Mais si on arrive à les attraper et à leur prendre deux minutes, c’est là qu’en général on parvient à faire mouche.


Actuellement, vous êtes dans une phase de développement à l’international. Est-ce que votre participation au CES vous a ouvert de nouveaux horizons ?


Oui et pas uniquement aux États-Unis. Outre pour l’Amérique du Nord, nous avons également noué des contacts pour un développement en Amérique du Sud et en Europe. Le CES est un bon endroit pour des premiers contacts et préparer le terrain pour la distribution de notre système dans de nombreux pays. De plus, nous avons pu également rencontrer quelques investisseurs, notamment dans la perspective d’une levée de fonds que nous sommes en train de préparer. Notre objectif est de réaliser une levée de fonds d’un peu plus d’un million d’euros, en recherchant des investisseurs avec des profils plutôt entrepreneurs et industriels.


Aujourd’hui, quelles sont vos perspectives de développement à moyen terme ?


Nous souhaitons déjà devenir une référence sur le marché français, en particulier pour la sécurisation des sites isolés ou temporaires. Un domaine dans lequel nous avons clairement une opportunité à saisir. Ensuite, nous chercherons à nous développer sur d’autres secteurs. L’enjeu pour nous est de développer une solution qui puisse être réellement déployée à grande échelle. Outre le secteur du BTP et de la construction, nous voulons nous implanter dans l’industrie et la Défense. Nous discutons d’ailleurs actuellement avec plusieurs grands acteurs industriels et nous sommes en train de définir ce que nous ferons en direct ou via un réseau de distribution.


Est-ce que vous voyez d’autres points sur lesquels vous souhaitez insister ?


J’aimerais mettre en lumière la qualité de notre équipe, notamment de mes deux associés qui m’accompagnent depuis le début et sont partis avec moi aux États-Unis. Toute l’équipe se défonce et contribue à chacun de nos succès. Nous sommes tous dans la même barque et partageons une aventure qui est juste incroyable. En effet, nous sommes partis de loin, sans réseau et sans argent. Le facteur clé du succès est d’avoir su répondre à un problème réel venu du terrain, en se positionnant tout de suite sur le marché. Nous avons ensuite testé notre solution très rapidement pour valider l’usage, la technologie et le modèle économique. Pour l’instant nous avons franchi toutes ces étapes et nous espérons bien continuer sur la voie du succès.

Parution magazine N°44 (mars, avril, mai)

Qu’en pensez-vous ?

Donnez-nous votre avis

Pour vérifier que vous êtes une intelligence humaine, merci de répondre à ce questionnement lunaire.