Du corps à l’ouvrage

Par Frank Davit, 1 septembre 2023 à 22:16

Arts en scène

Axée résolument sur une dynamique sport multivitaminée, une très rock’n’roll programmation en ce sens qu’elle fait bouger les lignes et les cadres traditionnels de ses espaces de représentation. Vous êtes au Théâtre de Grasse, intra et extra-muros…

Le moule est caduc. Des spectacles aux effluves de naphtaline qui ont pour vocation de ne pas faire désordre dans le paysage ambiant… Vous ne trouverez pas « ça » sur les starting-blocks de la nouvelle saison du Théâtre de Grasse. 


Celui-ci s’apprête à redémarrer ses activités, sur les chapeaux de roue, via une programmation qui joue à fond la carte du présent, sous le signe de la jeunesse et de la vitalité. Dans la foulée, pas anodin que l’établissement grassois ait reçu une labellisation « Olympiade culturelle » qui valide son positionnement dans une mouvance liée au corps et ses déflagrations d’énergie. La danse y a sa place, mais le sport aussi est de la partie et là n’est pas le moindre étonnement procuré par la saison 2023 – 2024, an 1 de l’ère post Jean Florès, l’ex-directeur des lieux pendant plus de trente ans. Lui a succédé à ce poste Emmanuelle Bourret, après avoir été l’administratrice de l’endroit pendant dix ans. Et voilà donc une nouvelle pilote et une nouvelle feuille de route pour le Théâtre de Grasse, et autant de bonnes raisons de s’en réjouir car « ça » va déménager, au propre comme au figuré. Sur la quarantaine de spectacles programmés cette année, nombre d’entre eux se joueront en effet hors les murs, sous des formes inattendues et originales.


Agitateur public 


Ainsi des Liaisons dangereuses d’après le célèbre roman de Choderlos de Laclos à qui la metteure en scène Edith Amsellem et ses six interprètes réservent un traitement décalé pour en faire un match à la vie à la mort, disputé sur un authentique terrain de sports, le gymnase David Douillet à Peymeinade. Autre lieu, autre artiste, cette fois à la salle Mistral du village de Cabris non loin de Grasse, où se produira le conteur Lamine Diagne pour deux divertimentos à usage des enfants, Histoires en douceur pour les petites oreilles et Sous l’arbre à palabres. D’autres déclinaisons jeune public feront elles aussi l’objet d’une délocalisation, comme Quelque chose a disparu mais quoi ? par la Compagnie Dynamo Théâtre qui ira semer la bonne parole de son grain de fantaisie dans quatre communes aux alentours de la cité des parfums (Mouans-Sartoux, Pégomas, Séranon, Le Tignet). Au détour de ces indications géographiques, ce qu’il convient de noter, c’est qu’en déployant sa cartographie de représentations bien au-delà de sa seule salle, le Théâtre de Grasse fait œuvre d’utilité publique. Il s’agite pour la bonne cause. Il essaime l’idée d’un art théâtral populaire, une vision du spectacle vivant ouvert à tous, et il sème de possibles futures vocations de spectateurs pour diversifier et renouveler son public. Dont acte dès l’entame de la programmation qui démarre par de jolis coups d’éclat. Á commencer par Les Lettres de mon moulin d’Alphonse Daudet par Philippe Caubère en spectacle itinérant dans les environs de Grasse fin septembre (ce savoureux seul en scène sera à l’affiche à La Roquette-sur-Siagne, puis Châteauneuf-Grasse puis Saint-Vallier-de-Thiey). Sous des allures de parade circassienne, le lever de rideau de la nouvelle saison aura véritablement lieu avec deux spectacles de bateleurs débridés en accès gratuit le samedi 30 septembre, Rapprochons-nous et Désillusionnistes. Quand le théâtre de Grasse fait ses quatre cents coups ! 

Parution magazine N°42 (septembre, octobre, novembre)

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