Du SophI.A Summit au WAICF

Par La rédaction, 8 février 2024 à 21:02

De Tech à tech

Les Alpes Maritimes sont indéniablement Terre d'IA. La 3ème édition du WAICF s'ouvre aujourd'hui à Cannes pendant trois jours, offrant aux professionnels une plateforme B2B qualitative autour des enjeux des intelligences artificielles et une journée grand public le samedi. Il y a quelques semaines, la 6e édition du SophI.A Summit se tenait à Sophia Antipolis réunissant des scientifiques du monde entier, praticiens quotidiens de l'IA dans leur discipline respective. Du SophI.A Summit au WAICF, l’écosystème azuréen met la barre très haut pour assumer la transition la plus importante du siècle.

Pas le temps de digérer le SophI.A Summit que le cap est mis sur le WAICF qui se tient du 8 au 10 février 2024. Marco Landi nous explique l’ambition à cinq ans de cette conférence B2B mondiale qui d’année en année apporte sa patte pour ancrer encore plus les Alpes-Maritimes en terre d’IA.


« L’ambition est d’ouvrir au maximum. On a besoin de discuter de plus en plus de ce que sont les bénéfices de l’IA et aussi ses dangers. Le WAICF a tout ce qu’il faut pour devenir l’espace où ces discussions se passent, dans une manière différente qu’à Bletchley. La big tech chinoise doit faire partie de ces discussions. La big tech indienne aussi. Le WAICF n’est pas Bletchley. Il a le potentiel de devenir l’événement mondial de référence si nous sommes capables de le rendre ouvert. »


Marco Landi a sur sa table de chevet le dernier ouvrage de Henry Kissinger, The Age of AI and our Human Future, co-écrit avec Eric Schmidt et Daniel Huttenlocher. Le parallèle avec la thématique de non-prolifération est évident pour éviter la destruction du monde. L’explication est intéressante. Pour les auteurs, ce qui différencie la problématique du nucléaire de la problématique IA est son côté non observable et non étatique. Personne à terme ne va être capable d’identifier l’IA une fois la technologie en vitesse de croisière. « C’est terrible quand on y pense. Et c’est bien pour cela qu’il est important de se rassembler et de poser les limites tous ensemble. Et comme on a créé l’agence pour l’énergie atomique, il faut créer une agence avec le même objectif pour l’IA. Les big techs doivent avoir une place centrale dans ce dispositif, parce qu’à la différence du nucléaire, ce sont les big techs qui façonnent et qui contrôlent l’IA. Le WAICF peut devenir le lieu où l’on commence à poser les bases d’une gouvernance mondiale sur l’IA où les acteurs privés prennent pleinement leur part aux côtés des États. »


En attendant, la 3e édition du WAICF s'ouvre aujourd'hui. Transition de propriétaire cette année, RX, le leader mondial de l’événementiel, a racheté Corp Agency pour organiser le WAICF. Cela présage de bons augures pour la pérennité du Festival en continuant à bâtir sur des fondations solides. B2B oblige, le volet investisseur a été renforcé cette année avec une demi-journée complète dédiée. Qu’est-ce que cela signifie d’investir dans l’IA aujourd’hui ? Comment sécuriser les investissements dans la filière et éviter d’ouvrir une boîte de Pandore en investissant là où, sociétalement et sécuritairement, il serait préférable de faire l’autruche ? La part belle sera aussi faite au volet éducation et formation car l’enjeu est quand même d’acculturer 8 milliards d’individus sur la prochaine décennie.


Dans le rétro du SophI.A Summit...


En bon miroir du territoire, le SophI.A Summit s'est tenu il y a quelques semaines à peine sur Sophia Antipolis, soutenu dès le départ par l’Université Côte d’Azur, la Communauté d’agglomération de Sophia Antipolis, le Département des Alpes-Maritimes et Sophia Club Entreprises aux manettes opérationnelles. Pour le directeur exécutif de Sophia Club Entreprises, Etienne Delhaye : « Qualitativement, on sent qu’on a franchi un cap cette année. L’événement attire de plus en plus de chercheurs non européens. Cette année, on accueille notamment une délégation de New Delhi et le Vietnam est très bien représenté grâce à FPT Software qui a joué l’intermédiaire. C’est un très bon signe pour la suite. »1 Cette 6ème édition est plus internationale que jamais avec la participation de 14 universités étrangères et 20 nationalités. Inde, Canada, Tunisie, Allemagne, Suède, Royaume-Uni, Vietnam, États-Unis, Japon, Italie, Suisse… Et ce melting pot grandit d’année en année.


Si l’IA n’est pas une nouvelle technologie en soi (il vaut d’ailleurs mieux mettre l’acronyme au pluriel au vu de la diversité d’intelligences artificielles que ce terme englobe), l’IA générative en revanche a secoué tout le monde. « L’IA générative a fait une arrivée tonitruante l’année dernière. Bien sûr que cela pose des enjeux sur le plan éthique. Le génératif a le potentiel de remplacer. C’est un sujet qu’il ne faut ni dramatiser, ni éluder, et il faut le traiter de manière éclairée. Le SophI.A. Summit est une opportunité d’entendre les points de vue de scientifiques de haut niveau qui peuvent éclairer tout le monde. »


Jean-Pierre Mascarelli, vice-président de la Communauté d’agglomération de Sophia Antipolis, a ouvert le bal de la session inaugurale, suivi de Marco Landi, qui a joué un rôle clé dans l’élaboration des orientations stratégiques lors de l’élaboration du programme Smart Deal des Alpes-Maritimes. Place ensuite à l’Academia honorée dans ce colloque. Le professeur Jeanick Brisswalter, président d’Université Côte d’Azur, a souligné les enjeux de l’IA, notamment en matière d’éducation supérieure. Le Dr Guillaume Avrin, coordinateur national pour l'IA, a décrit sans langue de bois sa mission actuelle de coordination interministérielle dans le cadre de France 2030 et l’ensemble des chantiers à mener. Une tâche de taille compte tenu des enjeux et des budgets impliqués. Le Dr Claude Castelluccia, directeur de recherche à l'INRIA et membre de la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) est ensuite intervenu pour rappeler que l’IA s’insère dans un contexte social et que l’enjeu de protection de vie privée numérique doit gagner en priorité.


Dans les sessions thématiques, à noter les interventions du Dr Tavpritesh Sethi, de l’Indraprastha Institute of Information Technology Delhi, sur ses travaux en cours en santé, Dr Bjorn Menze de l’Université de Zurich, Dr Thomas Walter, de l’Institut Curie, pour ses travaux sur l’ARN et Dr Dao Huu Hung pour ses travaux explorant le lien IA-vidéosurveillance. Au total, 57 scientifiques, tous experts dans leur domaine, se sont succédé à la tribune pendant ces trois jours et ont partagé leurs travaux, sans aucune artificialité du coup. Reste à récolter les fruits de cette fertilisation croisée et la 7e édition s’annonce prometteuse en ce sens…


 Du 3IA vers un label IA-Cluster


Lorsque des universitaires de haut niveau, des chercheurs, la gouvernance locale et des acteurs privés s’alignent, le résultat est à la hauteur des enjeux. L’écosystème maralpin en est la preuve vivante et le SophI.A Summit et le WAICF en sont devenus les vitrines. C’est grâce à cette dynamique vertueuse que la Côte d’Azur a été reconnue il y a quatre ans au niveau national comme apte à accueillir un Institut Interdisciplinaire d’Intelligence artificielle. Et c’est grâce à cette même dynamique que l’écosystème local se positionne aujourd’hui pour être labellisé IA-Cluster dans le nouveau cycle à venir. 105 chaires académiques sur l’IA. 78 doctorats. 140 connexions fiables avec les entreprises. 81 contrats signés. 12 startups. 23 programmes de formation sur l’IA. 15 millions récoltés. What else?





1 Parmi les universités étrangères qui ont participé au SophI.A Summit : Imperial College London, Charité Hospital Berlin, Oxford University, Indraprastha Institute of Information Technology Delhi, Stanford, Hasso Plattner Institut, Sanger Institute Cambridge, Uppsala University, Waseda University, Siena Artificial Intelligence Lab, University of Cagliari, University of Zurich

Parution magazine N°43 (décembre, janvier, février)

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