Madame la directrice...

Elle est arrivée au théâtre de Grasse en 2011. Elle en est la directrice depuis novembre 2022. Enfant du pays, haut fonctionnaire de l’État au service de la chose culturelle dans ses années parisiennes, Emmanuelle Bourret a plus d’un projet pour « son » théâtre. Une dynamique d’ouverture à tous les publics. La poursuite d’une politique de soutien à la création. Une identité pluridisciplinaire pour les spectacles programmés et bien d’autres sujets encore… C’est Emmanuelle Bourret qui a la parole.

Ce qui lui tient à cœur ? « Faire en sorte que le théâtre de Grasse raconte une aventure artistique et humaine forte, en lien avec d’autres acteurs de la vie culturelle du territoire. Á la faveur des JO qui s’approchent, notre nouvelle saison a été bâtie en privilégiant un dialogue entre le monde du sport et celui du spectacle. Cela nous permet de bénéficier de la labellisation « Olympiade culturelle » et de présenter des créations à la croisée de ces deux mondes, à l’image du spectacle de Pierre Rigal et Aurélien Bory, Arrêts de jeu. Une reconstitution chorégraphique du match de foot France – Allemagne 1982 entré dans les annales. On espère que les aficionados du foot et ceux de la danse seront au rendez-vous, pour montrer que le théâtre peut être un terrain de jeu surprenant, hors des images toutes faites… »  

Sa ligne « directrice » ? « Pas mal de spectacles de la programmation résonnent comme un message envers les jeunes et les ados. L’idée est de leur donner l’envie de venir, pas juste en sortie scolaire. Un campus étudiant a ouvert ses portes en septembre 2022 à Grasse. La ville compte d’autre part cinq lycées et cinq collèges. On veut dialoguer avec ce public potentiel, le reconnecter au corps et au réel à travers des spectacles qui lui parlent. Il n’est bien sûr pas question de faire du jeunisme à tout prix et de laisser de côté le public plus mature mais la dimension intergénérationnelle reste une composante indispensable de l’avenir d’un théâtre… »

Ses projets pour une ère de renouveau ? « Je souhaite tout d’abord que le Théâtre de Grasse garde la place assez singulière qu’il occupe déjà dans le paysage théâtral azuréen. On y découvre et y voit des choses qu’on ne voit pas ailleurs, avec une large place à une création contemporaine qui se joue avec ou sans têtes d’affiche. On y cultive un certain sens de la convivialité avec notamment des troisièmes mi-temps après spectacle pour des échanges avec les artistes. On y propose des actions culturelles, des ateliers de pratique ou d’approche de la chose théâtrale… Le Théâtre de Grasse a d’autre part toujours soutenu la création théâtrale et je veux poursuivre cette dynamique en privilégiant des projets en résonance avec le territoire grassois et des formats de spectacles modulés pour être joués en territoire, en accueillant des artistes en résidence… »