Plus bleue sera la note

Par Frank Davit, 17 mai 2023 à 12:38, Juan-les-Pins

Arts en scène

Entre les étoiles et la mer, la scène de la pinède Gould distille ses accords. L’ivresse de la musique se love dans l’air du soir. Et Jazz est Juan…

« Les faits, rien que les faits ! », exige la profession de foi du métier de journaliste. Oui mais ici, impossible de s’en tenir à cette seule règle sacrée. Ce serait plutôt, et doublement cette année, « les fées, rien que les fées ! » car qui veut évoquer le festival Jazz à Juan, s’il a déjà eu la chance et le bonheur d’assister à l’un des concerts programmés pour l’occasion, n’a pas vraiment d’autre choix qu’invoquer une sorte de magie pour relater l’expérience vécue. Est-ce l’écrin de la pinède face à la mer où se déroulent les soirées du festival ? Est-ce l’alchimie d’un lieu où tant de légendes de la musique se sont succédé depuis plus de soixante ans ? Une chose est sûre : en juillet, la nouvelle et soixante-deuxième édition de Jazz à Juan s’apprête à enchanter le public grâce à plus d’un sortilège musical et plus d’un tour dans son scat avec la lune ! Et pour ce qui est « des fées, rien que des fées ! », entendez par là que le festival cet été va faire apparaître sous ses projecteurs un essaim de reines aux voix de miel, aux voix de ciel, allez savoir. Autrement dit, une nuée ardente de swinging ladies, interprètes de rêve, musiciennes hardies, qui seront en haut de l’affiche de la manifestation pour lui donner la longueur d’ondes de leurs voix de sirènes.


L’odyssée des « divines »


Ces accords majeurs au féminin pluriel ont pour nom Dee Dee Bridgewater en ouverture du festival. Diva jazz pure malt, celle-ci n’était plus venue embraser la pinède juanaise de sa flamboyance depuis treize ans. Autre incarnation d’une ensorceleuse de la blue note, héritière d’une musique américaine infusée de blues et de soul, Lizz Wright viendra elle aussi caresser de son médium grave et chaleureux le public du festival. Tout comme Youn Sun Nah et Melody Gardot qui se produiront le même soir l’une à la suite de l’autre dans un concert qui promet de hautes émotions vocales. Les deux artistes cultivent des univers musicaux très différents mais ce qui, toutefois, les rapproche peut-être, c’est ce frisson qui se propage autour d’elles quand elles chantent. D’autres heures de braise allument l’édition 2023, rien qu’à l’idée d’imaginer ce plateau d’anthologie : Imany, Angélique Kidjo et Fatoumata Diawara. Réunies le temps d’un concert événement, chacune d’elles attisera la ferveur d’un triptyque en mode « African Queens », avec autant de sensations majuscules à la clé de leurs chants et de leurs rythmes respectifs ! Et pour le côté instrumental de ce Jazz à Juan tout feu tout femme, c’est la virtuose Sophie Alour qui s’y colle, via un concert où elle résoudra haut la main l’équation saxo et brio qui la caractérise. Sur la ligne de départ du plus ancien festival « jazzuréen », ces dames ont bel et bien le vent en poupe et la figure de proue de cette odyssée des « divines » pourrait bien s’appeler Samara Joy. Une « divine » surprise en effet que cette jeune interprète promise à une brillante carrière, dit-on dans les milieux autorisés, au chant touché par la grâce des plus grandes, Ella, Sarah… Sur la voie de ses légendaires aînées, Samara, déjà lauréate de deux Grammys gagnés en 2023, a tout pour être une nouvelle étoile au firmament de la pinède. Il faut la voir pour le croire, l’entendre pour s’en éprendre, sur-le-champ !


Boys band


Mais oui, qu’on se rassure ! Les tenants de la bienséance et du gender inclusive n’ont plus à se récrier. Jazz à Juan ne sera pas seulement en orbite autour de la planète Vénus. Il y aura aussi des êtres velus de la planète Mars qui donneront des ailes au festival puisque le titre d’un célèbre best-seller dit que les femmes viennent de Vénus et les hommes de Mars. Parmi ces messieurs, des pointures de la musique comme le guitariste Niles Rodgers et son groupe Chic. Les pianistes Brad Mehldhau, Ludovico Einaudi. Le fringant Thomas Dutronc qui viendra en bonne compagnie avec ses amis Stochelo Rosenberg et le Rocky Gresset Trio. Des jeunes talents, Jacob Collier, Cory Wong, qui se produiront ici pour la première fois… Á la pinède Gould, on s’fait si bien du mâle ! L’affaire est entendue…


du 10 au 21 juillet


Parution magazine N°41 (juin, juillet, août)

Qu’en pensez-vous ?

Donnez-nous votre avis

Pour vérifier que vous êtes une intelligence humaine, merci de répondre à ce questionnement lunaire.