À corps battant
Arts en scène

Companhia Paulo Ribeiro, l'une des formations invitées du Festival © Ana Rocha Nene
Cet automne, à l’occasion de sa 25ème édition, le Festival de Danse Cannes Côte d’Azur revient sur le devant de la scène en version annualisée. Il scintigraphie dans ses faisceaux la belle vitalité d’un monde chorégraphique toujours en plein bouillonnement créatif.
Jusque-là biennale, la manifestation devient désormais un rendez-vous annuel. Après avoir élargi son périmètre au-delà de Cannes, à huit autres villes azuréennes, lors de ses dernières éditions, c’est une avancée de plus pour le Festival de Danse Cannes Côte d’Azur qui marque ainsi sa consécration et sa place de premier plan dans le paysage chorégraphique français. Elaborée par Didier Deschamps, son directeur artistique, la nouvelle édition du festival va encore le confirmer par le caractère foisonnant de ses propositions et par son amplitude qualitative.
Au programme, vingt-quatre compagnies invitées dont treize en provenance de l’étranger, cinquante représentations avec des premières mondiales, des créations jeunesse, des actions en direction des scolaires. Des rencontres avec les artistes, en bord scène après le spectacle, lors de tables rondes ou en participant à des master classes. Des ateliers animés par des invités du festival pour danser flamenco et fado, deux des axes de la manifestation cette année. À quoi s’ajoute, autre volet des réjouissances, la deuxième édition de Mov’in Cannes, compétition de films format vidéo-danse chapeautée par Eric Oberdorff, directeur de la Compagnie Humaine.
Pour mettre la barre au plus haut, le festival a plus d’un élan dans ses figures. Il a le pied baladeur, dans le sens où il danse plus d’un bal dans sa musette et mise sur une programmation dynamique qui multiplie les angles et les approches, les styles et les mouvances. Comme une envolée de gestes, de rythmes et de sons, il saisit sur le vif quelque chose de l’art de danser, entre pièces du répertoire, expressions contemporaines, troupes internationales et vivier de jeunes talents.
« On veut montrer la danse dans toute sa diversité, au-delà des stéréotypes, poursuit Didier Deschamps. C’est un langage à part entière, selon ses modulations, une chorégraphie peut respirer comme de la musique de chambre ou avoir le souffle d’une grande fresque symphonique. Le festival invite le public à se laisser surprendre, à se laisser captiver par cette diversité d’inspirations… » En d’autres termes, s’ouvrir à l’inconnu, à la découverte, aller voir en dehors des sentiers balisés d’une certaine image compassée de la danse, sans pour autant renoncer à la haute voltige pyrotechnique d’un ballet classique. D’un soir à l’autre de la programmation, les manèges du festival promettent des sensations éclectiques, contrastées, et des télescopages affriolants !
Entretien avec Didier Deschamps, « la danse en grande forme »
Pour la deuxième fois, Didier Deschamps (pas l’autre, lui) reprend sa houlette de coryphée de la manifestation. Entendez par là qu’en sa qualité de directeur artistique du Festival de Danse Cannes Côte d’Azur France, ce danseur et chorégraphe au long cours et à la brillante carrière a échafaudé un scénario aux multiples péripéties chorégraphiques pour une programmation qui tienne en haleine initiés et grand public.
De Rocío Molina, magicienne d’un flamenco mutant aux prodiges somptueux, à Maud Le Pladec, la chorégraphe et complice de Thomas Jolly pour les cérémonies des JO de Paris, qui sera là avec le Ballet de Lorraine qu’elle dirige, Didier Deschamps, interview à la clé, nous donne ici un aperçu de ce que va être le festival.
Quels sont les atouts du Festival de Danse Cannes Côte d’Azur France pour cette nouvelle édition ?
En trois mots, on a voulu voir grand, beau et fort ! L’accent a été mis sur des spectacles grand format, émanant de compagnies pouvant s’appuyer sur un effectif nombreux. On a aussi joué sur une logistique scénique avantageuse. Comme Cannes, les villes partenaires du festival bénéficient de grands plateaux propices au déploiement de grandes formes chorégraphiques. On a mis cette qualité d’équipements à profit. Avec des variables d’ajustement d’un spectacle à l’autre, et avec une présence accrue de la musique vivante, interprétée en direct, les grandes lignes du festival bougent sur ce tempo…
Au vu de la programmation, le festival semble privilégier une grande diversité de ton…
Oui, en effet, la diversité est l’un des maîtres mots de cette édition, avec des artistes et des esthétiques de tous bords, venus de différents pays. Je suis convaincu que la force d’un art n’est pas juste de se cantonner à des valeurs sûres, établies, mais aussi de faire une place à des talents émergents pour poser des regards neufs, proposer d’autres visions sur la création. C’est de cette façon que le festival a réussi à imposer sa signature, par le choix de ses orientations et des artistes invités à se produire sous ses auspices. La fonction essentielle d’un festival, je trouve, est de donner au public l’occasion de sortir des sentiers battus, de s’aventurer vers ce qu’on ne connaît pas. Loin de toute doxa, on a tout mis en œuvre pour que le festival offre cette possibilité de découvrir des langages chorégraphiques différents et s’adresse ainsi le plus largement possible à des publics variés…
Parmi la vingtaine de spectacles présentés pendant le festival, lesquels font figure de points cardinaux ?
Ce genre de hiérarchisation n’a pas cours… Je préfère pour ma part parler de spectacles qui montrent la palette des couleurs du festival. Dans cette optique, il y a par exemple Afanador, le spectacle d’ouverture. C’est un ballet monumental, avec plus de quarante interprètes sur le plateau, signé par le chorégraphe Marcos Morau et le collectif La Veronal. Il est dansé par le Ballet national d’Espagne, mêle flamenco et danse contemporaine autour de l’univers du photographe Ruvén Afanador. Cela reflète bien l’esprit du festival : faire preuve d’audace en s’adressant au plus grand nombre. Avec Bate Fado, les créateurs portugais Jonas&Lander, eux, partent d’une forme traditionnelle, le fado, pour faire éclore un spectacle contemporain et irrévérencieux jouant avec les codes et les clichés et là encore, le public va être surpris, et
embarqué, je l’espère en tout cas. Je cite ce spectacle car il fait écho à l’un des leitmotivs du festival cette année : comment l’ancien génère le renouveau…
Le festival est par ailleurs doublement à la fête en accueillant le Junior Ballet de l’Opéra de Paris et le Nederlands Dans Theater – NDT2.
Ces deux formations ont pour point commun d’être des pépinières de jeunes talents au plus haut niveau de leur art. Le Junior Ballet de l’Opéra de Paris fera la démonstration de son excellence dans des extraits du grand répertoire classique, perpétuant les canons du plus pur académisme. L’exigence est tout aussi haute pour les danseurs d’exception du NDT2, qui n’en
sont encore qu’au début de leur carrière et qui, comme leurs pairs de l’iconique NDT,
s’illustrent par une sensibilité contemporaine à fleur de peau. Ils danseront un programme où leur incroyable virtuosité technique donnera la mesure de leur art.
Rocío Molina sera en quelque sorte la prima ballerina assoluta de cette édition. En quoi est-elle un joyau vivant du flamenco ?
Je suis son travail depuis longtemps et j’ai noué une relation privilégiée avec elle. Rocío Molina est essentielle pour le flamenco et pour la danse tout court ! Elle pratique un flamenco radical, qui revient aux sources de cet art, qui puise dans les racines de cette danse avec une énergie contemporaine. Cela prend des formes qui peuvent surprendre, hors norme. La création qu’elle présentera dans le cadre du festival palpite à l’aune de sa singularité artistique.
Festival de Danse Cannes Côte d'Azur France
du 22 novembre au 7 décembre,
à Cannes, Nice, Antibes, Grasse, Mougins, Carros, Draguignan, Fréjus
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