40èmes Incandescents
Arts en scène

Core meu © Alice Blangero / Ballets de Monte-Carlo
Tout au long de sa nouvelle saison de spectacles, la compagnie des Ballets de Monte-Carlo s'apprête à célébrer ses quarante ans d'âge à travers une programmation caracolante.
Lacez vos souliers de bal, le Rocher danse...
Dans un édito en ligne sur le site des Ballets de Monte-Carlo, Jean-Christophe Maillot, leur chorégraphe-directeur, annonce la couleur. Saison champagne grand cru et pour cause, la compagnie soufflera ses quarante bougies en 2026 et l’événement se doit d’être célébré comme il se doit, dans un sillage de spectacles et d'invités de haut vol qui vont se succéder en Principauté au cours des prochains mois.
À l’affiche, on verra ainsi briller les noms de Paul Lightfoot, William Forsythe et John Neumeier, des chorégraphes au plus haut niveau de leur art. D’autres, Jeroen Verbruggen, Julien Guerin, Francesco Nappa ou bien encore Eric Oberdorff, qui sont des anciens de la troupe et qui volent de leurs propres ailes de créateurs. Mimoza Koike qui, elle, danse toujours avec les Ballets tout en y poursuivant ses propres apartés chorégraphiques. Chacune et chacun d’eux apportera sa contribution artistique au flux de mouvances et d’émotions autour des danseuses et des danseurs monégasques cette année. Perspectives d’autant plus alléchantes que le tableau ne serait pas complet sans préciser deux des points culminants de cette saison cadeau.
L’été venu, invité de prestige et modèle d’excellence, le Ballet de l’Opéra de Paris sera en effet de la fête, comme une accolade fraternelle entre deux grandes maisons de danse. À cette occasion, l’institution parisienne présentera l’une de ses productions emblématiques, La Dame aux Camélias, sur une chorégraphie de John Neumeier créée en 2006. Avant cela, à tout seigneur tout honneur, dès les Fêtes de fin d’année, c’est la toute nouvelle création de Maillot qui devrait faire sensation. Son titre, Ma Bayadère. Le teaser de la saison est lancé !
La danse au service de l’humain
Quadragénaire, et alors ? La compagnie affiche une forme éblouissante et danse en version résolument originale, avec un brio et une énergie, une soif de créativité jamais prise en défaut. Corps si lestes, Corps silex, comme on voudra, tant faire des étincelles semble ici aller de soi, à chaque nouvelle prestation, comme un second naturel… Au fil des années, au gré du renouvellement de la troupe, les fondamentaux de Maillot ont tracé un sillon, forgé une identité quasi palpable, une empreinte chorégraphique qui dit la teneur de son travail. « La danse au service de l’humain… La manière dont le danseur habite le mouvement et ce qu’il nous raconte à travers lui… », précise celui-ci dans la note d’intention de son prochain ballet. Maillot tel qu’en lui-même résumé par ses propres mots. Sa danse à la pointe de la prestance néoclassique où s’invitent des accents contemporains magnétiques. Où l’on croit retrouver parfois de brefs élans jaillis de la comédie musicale hollywoodienne. Où son écriture lumineuse, exultante, n’en explore pas moins des zones obscures. Appelez cela une signature, un fil conducteur patiemment tissé avec le public qui lui rend bien volontiers la ferveur qu’il met à son ouvrage… L’art de Maillot comme une aubade, une ode à la vie souvent. Œuvre d’auteur à part entière où il fait parfois œuvre de conteur, revisitant de grands classiques du répertoire en donnant d’autres inflexions à leur trame narrative (sans parler évidemment d’une tout autre facture chorégraphique). Où il laisse d’autres fois libre cours à une inspiration plus intimiste, comme un journal de bord qui accompagnerait son parcours artistique, qui relaterait quelque chose de lui.
Les réjouissances de Monsieur Maillot
Étonner, comme disait Diaghilev à Cocteau à l’époque des Ballets Russes. Émouvoir sans oublier d’émerveiller. Par le passé, ô combien avec son Casse-Noisette Compagnie, relecture du célèbre ballet éponyme et transposition d’épisodes de sa vie, Jean-Christophe Maillot avait déjà su faire d’un spectacle grand public un récit à double fond, entre fiction et autofiction pour ainsi dire. Il en ira de même avec Ma Bayadère, son nouvel opus présenté au Grimaldi Forum en fin d’année. Pas question de jouer la carte d’un exotisme de carte postale : si l’argument de La Bayadère, un tube de la danse classique (l’original était signé Marius Petipa et Noureev en a donné sa version), se déroulait dans un temple hindou, Maillot, lui, a choisi de situer l’action dans un studio de danse. « Sa » bayadère sera en effet la chronique d’une troupe pendant les répétitions d’un spectacle. En l’absence de plus amples informations à ce stade et connaissant l’attrait de Maillot pour le cinéma, on s’autorise à penser à des films où pourraient éventuellement se refléter des indices sur cette création. Black Swan de Darren Aronofsky, Que le spectacle commence de Bob Fosse ou Tous en scène de Vincente Minnelli par exemple. Pures spéculations certes même si ces trois films, radicalement différents par ailleurs, saisissent néanmoins une lueur qui pourrait bien éclairer l’essentiel : la passion du spectacle dansant de l’ébouriffant Monsieur Maillot.
Petits pas dans les grands
À leur actif, quarante ans de sueur et de grâce, cinquante danseurs. Compagnie internationale au sommet, mais quant à se reposer sur leurs lauriers, les Ballets de Monte-Carlo ont d’autres entrechats à fouetter. Cette saison en est une nouvelle fois la démonstration, qui va voir la formation monégasque s’illustrer dans tous ses éclats. Outre des dates à l’étranger, son calendrier de représentations en Principauté est une invitation à entrer dans la danse sous plus d’une forme. Pour ouvrir le bal, dès la fin octobre, un double programme sur les pas d’un géant novateur de l’art du ballet, William Forsythe, et de Paul Lightfoot, orfèvre d’une flamboyance chorégraphique dans la lignée du Nederlands Dans Theater dont il a été le directeur dans les années 2010. Lors de ces salves d’automne, on pourra redécouvrir un opus phare de Forsythe, Herman Schmerman, reprise d’une pièce de 1992, et découvrir en création mondiale la dernière œuvre de Lightfoot, qu’il a spécialement écrite pour les Ballets de Monte-Carlo, See you.
Puis, cet hiver, à la fin décembre, Maillot mènera la danse avec Ma Bayadère, avant de retrouver celui-ci en premier de choré dès le printemps à deux reprises. D’abord en renouant avec des séries de brèves variations, les Miniatures, qu’il avait initiées en 2004 dans le cadre du Printemps des Arts de Monte-Carlo. Cette fois, il y conviera quatre chorégraphes, anciens membres de la troupe (Mimoza Koike, Jeroen Verbruggen, Julien Guerin et Francesco Nappa cités plus haut), pour signer avec lui ces pas de côté. Peu après, sourcier d’un jaillissement de joie inouï, il fera revivre dans une toute nouvelle approche son Core Meu, une pièce enivrante au rythme d’une folle tarentelle qu’il avait créée lors de la F(ê)aites de la Danse en 2019 et qui propage autour d’elle un sentiment d’euphorie et une onde de sensualité irrésistibles. Viendra plus tard le temps d’un spectacle de gala, début juillet, création surprise et festive pour les quarante ans de la compagnie.
Au passage, autre anniversaire au sein des Ballets de Monte-Carlo, signalons les cinquante ans de l’Académie Princesse Grace, qui seront célébrés en décembre au cours d’une soirée de prestige. Retour en juillet prochain : avant que le Ballet de l’Opéra de Paris ne conclue la programmation en beauté avec La Dame aux Camélias de John Neumeier, Waku Doki, une création d’Eric Oberdorff, directeur de la Compagnie Humaine, verra le jour. Elle finira de donner au prisme ondulatoire des Ballets de Monte-Carlo les multiples foyers chorégraphiques d’une saison ardente !
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