Regards croisés sur Picasso

Par La rédaction, 18 mai 2023 à 14:29, Mougins

Arts en scène

Cinquante ans après la mort de Pablo Picasso à Mougins, dans sa chambre du mas Notre-Dame-de-Vie, la Ville rend hommage à l’artiste en proposant d’avril à octobre une série d’expositions, de projections et de visites exclusives pour permettre au public de s’imprégner au plus près de ce que fut le quotidien de l’homme.

Portraits par André Villers au Lavoir, exposition Traverso au Four à pain et à Scène 55, Minotaures de Beth Carter à la chapelle Notre-Dame-de-Vie et photographies de Lucien Clergue, gravures d’Aldo Crommelynck au Centre d’art, clichés d’été de Dora Maar et de Man Ray dans la chambre mythique de la fresque cachée, un parcours dédié à l’artiste « vu par les autres » au Musée d’Art Classique de Mougins (MACM), Mougins célèbre Picasso et son œuvre.


Du Vaste Horizon à Notre-Dame-de-Vie


Depuis l’été 1936 où il découvre la ville, invité par Fernand Léger qui logeait alors au village, Picasso a souvent posé ses valises à la pension Vaste Horizon, en compagnie de sa muse de l’époque Dora Maar, de leur lévrier afghan Kazbek et de quelques amis, pour la plupart issus du courant surréaliste. Paul Éluard, Man Ray, Roland Penrose et son épouse photographe Lee Miller, Henri Matisse, Jean Cocteau, René Char, André Breton font partie de sa bande. « Vêtu d’un short et d’un maillot rayé de marin, Pablo faisait sur la nappe des portraits à partir d’objets hétéroclites : allumettes éteintes, rouge à lèvres, moutarde, vin ou jus colorés extraits de fleurs et de feuilles », se souvenait Roland Penrose. Man Ray se rappelle ces étés où l’on se retrouvait « comme une famille heureuse (…) à la pension des Vastes Horizons, dans la campagne de Mougins, au-dessus d’Antibes (…) ». L’ambiance était festive, libérée, créative. Il se dit même qu’une nuit, dans sa chambre attitrée du Vaste Horizon, Picasso a déplacé son lit pour avoir une meilleure vue sur l’extérieur puis a tracé un cadre à même le mur blanc en invitant ses amis à créer avec lui. Un élan qui aurait abouti à une œuvre quelque peu suggestive qu’il répara ensuite à coup de chaux, à la demande de la patronne. Assez pour alimenter le mythe de la fresque cachée du Vaste Horizon…


En 1952, Picasso rencontre Jacqueline Roque qu’il épouse en 1961. Elle reçoit le mas Notre-Dame-de-Vie en cadeau de mariage. Picasso s’était juré d’acquérir cette propriété depuis des années après être tombé sous le charme du mas. Il y avait été convié par la famille des célèbres brasseurs irlandais Guinness, alors propriétaire des lieux. Le site est magique, la vue enivrante, la lumière exceptionnelle. Bientôt, la bâtisse de quelque 38 pièces et 800 m2 est agrandie de deux ateliers, et devient le théâtre secret du génie créatif de Picasso durant les douze dernières années de sa vie. Sculptures en tôle pliée, maquettes en cageot et en bois, peintures, gravures… Le mas devient un gigantesque atelier de fabrication. Picasso reprend tous les thèmes qu’il a abordés au cours de sa vie. Il qualifie les pièces où il crée de bric-à-brac, gigantesque capharnaüm imprégné de l’odeur des peintures et des vernis sur les toiles pas encore sèches qui se multiplient de jour en jour, de nuit en nuit. Au mas, c’est la période la plus productive de sa vie d’artiste. Il y vit presque reclus, à rebours avec les années festives d’antan. L’Antre du Minotaure ne vole pas son nom.


Beth Carter : la passion des Minotaures


Beth Carter est une artiste basée à Bristol, au Royaume-Uni. Ses sculptures et ses dessins mêlent souvent la figure humaine à l’animal, créant ainsi des créatures mythologiques et d’extraordinaires compositions fictives extraordinaires.


Parmi ses œuvres les plus convoitées et admirées : les Minotaures. Récemment encore, l’artiste a réinventé cette figure mythologique emblématique qu’elle affectionne tout particulièrement en créant le Giant Standing Minotaur II. D’une hauteur de près de 2 m, la sculpture qui sera présentée exceptionnellement à Mougins est imposante mais étonnamment désarmante. Beth Carter parvient en effet à donner aux proportions et aux caractéristiques d’une bête féroce la sensibilité d’un agneau. Cette dichotomie est son tour de force et elle est passée maître dans l’art de la juxtaposition.


Les œuvres de Beth Carter sont présentées dans des galeries au Royaume-Uni, en Belgique et aux États-Unis et font partie de collections privées en Europe, aux États-Unis, au Canada, en Amérique du Sud, en Asie et en Australie. Elle est également exposée dans des collections permanentes, au Musée d’Art Classique de Mougins et au Muskegon Museum of Art, dans le Michigan, aux États-Unis.


Parution magazine N°41 (juin, juillet, août)

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