Y a d’la rumba dans l’air…

Par Frank Davit, 30 novembre 2023 à 19:52

Arts en scène

En cette période de fin d'année, les occasions d'être tout feu tout fête se multiplient allègrement. De Cannes à Monaco, il en va de même pour le monde du spectacle. Dans la ronde de ses plaisirs, il nous invite sur ses manèges pour tournoyer sur les chevaux de bois du rêve et de l’illusion. Tour de chauffe…

Frivole et coquette, la Côte d’Azur sait jouer à fond la carte du divertissement pour étourdir la galerie, d’autant plus quand il s’agit d’emballer le public dans le paquet cadeau de son offre en matière de spectacle. La chose est encore plus vraie au moment des Fêtes, toutes enrubannées dans les soyeuses volutes d’un enchantement de rigueur. Déployer le grand jeu de cette parenthèse étoilée, les maisons dévolues à l’art du théâtre sous toutes ses formes savent y faire. Avec le brio et le panache qui conviennent à l’exercice, elles affichent des productions en mode luxe et grand spectacle. Les feux de la rampe brûlent de plus belle et font des étincelles. Dorures, velours et folles échappées vers des imaginaires extravagants de romantisme écorché vif : deux théâtres emblématiques de la région donnent ainsi le ton des réjouissances et parent décembre de luxuriantes enluminures. L’Opéra de Monte-Carlo, hanté par une comédie musicale culte de Broadway, le Fantôme de l’opéra, d’Andrew Lloyd Weber (19/31 décembre). L’Opéra de Nice hanté par le fantôme de Giselle pour une relecture moderne de ce ballet d’anthologie par Martin Chaix (21/29 décembre). Face à l’épouvante du monde actuel, vibrer avec les forces obscures de ces deux histoires. « Stage fright, thrill », disent les Anglo-saxons. Frissons de scène, en quelque sorte. Aller au théâtre pour frissonner. Trembler d’effroi, de joie. Se sentir vivre. Prodiges et sortilèges de tant de spectacles en habits d’ombre et de lumière pour nous faire scintiller les yeux…



Anthéa souffle le show et la joie


Sur cette lancée, on va continuer à faire des bonds dans nos fauteuils, du côté d’Anthéa cette fois. Anthéa qui, avant Noël, triple sa dose d’émerveillement de saison avec zouaves et zigotos au zénith du rigolo poético-farfelu, agrémentée d’un zeste de féérie sorcière. Pour les petits et grands, cela donne un calendrier de spectacles qui n’engendrent pas la mélancolie, dans un sillage de clowns, de mimes et de marionnettes où l’art d’en faire des tonnes a renouvelé ses codes pour faire éclore des belles surprises à l’arrivée. Par ordre d’entrée en scène, c’est une troupe star, les Mummenschanz, qui est ainsi à l’affiche d’Anthéa avant les Fêtes (12/12 décembre). Depuis cinquante ans, partout où ils passent, ces enchanteurs font grand bruit, vu que leurs spectacles, désopilants et magiques, sont au diapason de l’art du mime et de son corollaire, le silence, avec un sens du cocasse joliment rêveur. Autre sensation de retour à Anthéa après l’avoir conquis en 2019, toute la guignol’s band de Slava Polunin pour un nouvel opus en délire et sans paroles, Slava’s Snowshow (20/23 décembre). Visuelle et fantasque, une certaine verve bouffonne du plus tendre effet est au rendez-vous. Après cette météo bien givrée, place à un spectacle qui semble crépiter au coin du feu, petit bijou de créativité ciselée signé Dominique Pitoiset et Nadia Fabrizio : l’histoire d’Hänsel & Gretel (19/22 décembre) Sur scène, une diseuse de belle aventure, deux pianistes et l’affichiste Lorenzo Mattoti qui illustre le célèbre conte via la retransmission sur grand écran des dessins qu’il réalise en direct, sur le plateau. Á Anthéa, le traîneau d’un Père Noël magicien d’Oz a dû passer par là…                                         


Scène 55, numéros de charmes


Á Mougins, une salle de spectacle sur du velours. Scène 55 s’est fait une place dans le paysage théâtral azuréen et fait tourner de son nom bien des moulins de nos cœurs de spectateur. En décembre, tout à sa fibre marionnettique, qui est l’une des spécificités de sa programmation, elle nous offre un avant-goût de son festival 100% puppets qui aura lieu au printemps prochain avec Antologia (19 décembre). Soit une pépite du genre que l’on doit à Jordi Bertran, l’un des grands du théâtre d’animation passé maître dans la manipulation des marionnettes à fils. Dès janvier, lui emboîte le pas le Casse-Noisette débridé de la chorégraphe Blanca Li, qui a revisité ce classique de Noël dans des tonalités hip hop, sans dénaturer l’âme enjouée de ce ballet sous le signe de l’enfance (9 janvier). Le temps de deux spectacles, Scène 55, joujou extra dans l’escarcelle des Fêtes…                                     



Le TNN fait son cinéma


Comme un tango langoureux, désaccordé. Un homme et une femme dont les trajectoires n’étaient pas faites pour se croiser. Et pourtant, l’espace de quelques heures, leurs deux êtres vont fusionner dans une connivence qui échappe à tous schémas amoureux, bouleversante danse des âmes. Sorti en 1977, Une journée particulière, film d’Ettore Scola, raconte la brève histoire de ces deux inconnus dans la Rome fasciste des années 30. Déjà transposé à la scène par le passé avec Françoise Fabian et Jacques Weber, ce classique du 7ème Art fait de nouveau l’objet d’une reprise théâtrale, avec Laetitia Casta et Roschdy Zem dans les rôles immortalisés au cinéma par Sophia Loren et Marcello Mastroianni. S’affranchir d’un film joyau serti par les compositions à contre-emploi de son couple star, autant dire que le retour sur les planches d’Une journée particulière n’est pas un pari gagné d’avance. Après cinq créations avec la Comédie-Française, c’est la metteure en scène Lilo Baur qui relève le défi. Avec son duo de comédiens, elle s’empare à bras-le-corps de la pièce pour faire tressaillir ce qui palpite entre les deux personnages de l’intrigue. Pure alchimie de deux interprètes en état de grâce, si l’émotion du spectacle est là, elle nous déchire le cœur au bord des larmes. Alors, pari gagné ? Réponse sur la scène du Théâtre National de Nice (10/12 janvier).                                     



Broadway melody


Pour bien commencer l’année, rien de tel que d’assister à l’un des « Concert du Nouvel An » programmés en divers lieux. On a choisi celui d’Anthéa, qui fait la part belle à des airs de comédies musicales américaines, interprétés avec tout le brio de l’Orchestre de Cannes sous la direction de son chef Benjamin Levy (1er janvier à 20h).



Ephéméride du temps de s’aimer


Un spectacle comme une eau vive, comme l’onde claire d’un torrent. Les mots d’une histoire d’amour de tous les jours, dits à deux voix par deux interprètes comme si une parole magique jaillissait de leurs bouches pour raconter le merveilleux de s’aimer dans les gestes du quotidien, dans la douleur des épreuves de la vie. Première pièce écrite et mise en scène par Tiago Rodrigues, qui n’est autre que l’actuel directeur du Festival d’Avignon, Chœur des Amants fait sensation partout où il est joué depuis sa création en 2007. Après le TNN l’an dernier, le spectacle passe par la Scène 55 (5 janvier) et le Théâtre de Grasse (6 janvier).

Parution magazine N°43 (décembre, janvier, février)

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